Si seulement Besson arrêtait de massacrer le cinéma en tant que scénariste, réalisateur ou producteur. Si seulement il arrêtait de réduire le cinéma à sa plus basse expression. Cet homme est dangereux, c'est un tueur avec le sourire aux lèvres. Il vous tue l'Art, mais il vous tue aussi le divertissement par l'Art avec un large sourire content, naïf, avec le rire d'un enfant, avec un petit rire qui a l'air de l'innocence. Détrompez-vous le marchand vous vend du rêve frelaté, il vous arnaque avec la gentillesse et le métier d'un camelot qui vous vend sa camelote. L'assassin court toujours et vite et traverse les générations et impuni ruine l'imaginaire, bafoue la grâce, tranche la tête de l'imagination. Car dans le cinéma de Besson l'inventivité vole au ras des pâquerettes, elle picore ici et là les restes d'orgies visuelles fabuleuses laissées par d'autres, picore et pique un coup ici un coup là, rameute, digère, rumine, régurgite, se réapproprie, et par dessus tout croit inventer, découvrir, innover, induire le rêve. Tout ça avec la constance d'un jardinier du dimanche arrosant son lopin qu'il prendrait pour Versailles, avec aux lèvres un sourire enfantin contenté et abominable. Tout ça fait des films qui ressemblent à du cinéma, qui utilisent le vocable cinématographique mais qui n'ont de la saveur cinématographique qu'un goût lointain. Avez-vous remarquez que chez Besson, de façon obsédante et répétitive - et bien pratique parce que pas besoin de se creuser tellement la cervelle -, le méchant, ou le vilain trafiquant, ou le mac, ou l'homme d'affaire pourri, ou le magnat vicelard et enrobé, ou le flic pourri, l'ordure de service quoi, se cachent toujours au sommet d'une tour, entourés d'une armée de gros bras eux-même armés jusqu'aux dents, et que le gentil et innocent héros malgré lui va braver le pire des dangers pour finir par oxir le méchant, le vilain traffiquant, le mac.... en abattant un orage d'acier sur l'armada sans pitié, en déchaînant une violence salvatrice pour rétablir un semblant d'ordre dans ce monde si abominable. Beauté du geste de massacre cautionné, de violences roublardes, de second degré me direz-vous? Ah bon, le camelot serait en fait un grand comique prêt à convoquer les plus bas instincts pour encanailler la galerie? Que non, le camelot agite ses marionnettes dans un balai toujours sanglant où l'arme lourde hurle fort, ou le poing a raison sur le mot, toute une bouillie de clichés alignés toujours avec un grand un large sourire d'autosatisfaction.