Totalement méprisé par la presse qui ne s’est même pas déplacée pour le voir, et adulé par le public (à ce jour plus de trois millions de spectateurs), TAXI 4 se pose comme un épiphénomène du décalage entre notre société et une partie du public. On peut en tirer analyse…

La forme d’abord tient du film à grand spectacle, à grosses sensations brutes de décaissage. Qu’en est-il du fond ? D’aucuns y verront l’apologie d’un discours anti-social ou Police, lois, compromissions, autorités sont malmenées outrageusement. La plupart de ceux qui collent ce type de jugement n’ont pas su voir le film mais ils n’hésitent pas à en parler.

On peut y voir également un autre message. Un message qui parle à la jeunesse et qui suinte de partout... Quand on ne trouve pas sa place dans les mécanismes de notre société, que reste t-il ? L’amitié source permanente de réconfort, d’entraide durable, qui nous est présentée ici dans toute sa candeur. Mais aussi des occupations accessoires qui deviennent à ce stade là vitales, le foot, les belles voitures, voire même des pieds de nez à ceux qui imposent les règles…

Le film parle aux ados, déborde un peu vers un public d’adulescents. C’est la cible visée. Pas forcément pour des raisons commerciales, mais également parce que les créateurs (réalisateur, producteurs, acteurs…) évoluent également dans cet univers rejetant un système dépassé à leurs yeux, et dans lequel ils se sentent exclus. C’est une forme de revendication populaire…

Populaire, le mot est lâché ! Taxi 4 n’est pas un film « dangereux ». Il est l’expression d’un public qui ne demande rien d’autre que sa seule efficacité dans l’action, dans le rire. Il est bon ton de la dénigrer, comme en son temps Claude Zidi l’était avec des films comme les « Sous-doués » ou « Inspecteur la bavure » sur lequel on pourrait démontrer une certaine filiation (quiproquos, cascades, relation avec la police…).

Ce film plutôt réussi dans ses objectifs, s’inscrit dans son époque. Produit de marketing périssable certes, mais qui vient réjouir le grand public. Il est certain que ce n’est pas derrière son nom que l’on trouvera une critique celle-là : « On y comprend pas grand-chose, mais on est captivé de bout en bout » ou bien encore « Ce n’est pas un film doloriste ou inhabité, mais un récit plein d’espoir et de vitalité où l’on apprend à vaincre la peur »… Mais lui finira sa carrière à 5 millions d’entrées pas à 100.000 !

« Le cinéma substitue à nos regards, un monde qui s’accorde à nos désirs ». Cette citation de Bazin pourrait s’appliquer aux spectateurs quittant la salle, leurs visages rayonnent de plaisir !
Fritz_Langueur
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le 20 sept. 2014

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