Pour bien comprendre mon raisonnement sur « Amazing Spider-man », je pense qu’il est important de connaître les tenants et aboutissant de la genèse du projet.

Tout commence l’été 2004 .Sam Raimi balance son « spider man 2 » dans les salles obscurs.
Le film pérennise le succès de la franchise , devient l’adaptation Marvel la plus abouti et perfectionné à ce jour (seul « X-men : First Class » le talonne de près ) et redéfinit les codes artistiques du comic-book movie, grâce à une ambiance à la fois naïve et mature fidèle à l’œuvre d’origine, à l’écriture des personnages (bien qu’elle ne fasse pas l’unanimité , à l’instar de celle de « Titanic » ou du « Seigneur des anneaux »), à l’univers absurde entre horreur et cartoon propre à Sam Raimi, et bien sûre à ces scènes de voltiges et de bravoures hallucinantes et improbable techniquement inégalés aujourd’hui.
Ainsi Raimi assoit sa position d’auteur unique et d’entertainer important et précieux aux cotés de James Cameron, de Spielberg et de Peter Jackson.

Malgré tout cela ne suffit pas pour que le célèbre mentor des frères Coen ait les coudées franches pour le 3ème et dernier volet de sa trilogie.

En effet, suite à des suggestions persistantes de la part de fans conservatistes, le studio Sony se met à imposer des directives à son réal fétiche : « On veut le symbiote, et la grosse bébête aux dents longues qui va avec, bordel de chiottes à queue ! ».

Résultat ? L’on à droit à un film hybride ayant à la fois de purs moments de cinéma (la naissance du Sandman, l’une des scènes de CGI les plus belles et mélancoliques jamais faite, la scène de clôture…), des idées jouissifs mais bancal et peu approfondis (le pétage de câble de Parker, la vengeance de Osborn Jr), et du je-m’en-foutisme absolu et assumé (l’apparition su symbiote, le bâclage du personnage de Eddie Brock).
Malgré ces quelques frustrations, le film cartonne au box office mondial.

Par la suite, la Marvel ouvre son propre studio de cinéma (appelé Marvel studios) et se lance dans l’adaptation de ses licences dont les droits ciné n’ont pas été vendues.
Iron-man est donc le premier film du studio, lancée avec succès (succès par ailleurs incompréhensible à mon gout).
Ce démarrage fracassant a pour conséquence un ultimatum lancé par Marvel Studios en direction de Sony et de la Fox (qui détiennent les droits des « X-men », « Spidey » etc.) : si ces derniers laissent trop longtemps ces franchises au fond d’un tiroir, les droits reviendront automatiquement à la maison mère.

Sony ne perd pas de temps et lance la production d’un 4ème volet, toujours dirigé par Sam Raimi (on parle d’une nouvelle trilogie traitant cette fois du passage à l’âge adulte).
Sans surprise, les tensions réapparaissent et Raimi décide de lâcher l’affaire, suivi par le casting : « Prout ! On s’en cogne, on avait déjà prévu le coup au cas où tu nous casserais les burnes ! ».
Dès le lendemain, on apprend que le prochain film sur le tisseur ne sera plus une suite mais un remake (ou reboot si vous préférez, comme l’aime si bien dire les jeunes dans le vent), avec une nouvelle équipe artistique et nouvelle direction à suivre, à savoir une touche plus dark et mature, pour faire genre (pourtant la trilogie de Raimi, malgré quelques niaiseries assumées, reste bien plus adulte que bien d’autres … mais là n’est pas le débat).

Après que l’on parle de réalisateurs prestigieux telle que James Cameron (qui rappelons-le était censé réaliser une adaptation de l’homme araignée à la place de « Titanic » et avec Di caprio dans le rôle-titre) ou David Fincher ( qui finalement se retrouve aux commandes du remake de « Millénium », toujours chez Sony) , c’est finalment le jeune Marc Webb (un nom peu anodin) , auréolée du succès de « 500 jours ensemble » qui reprend le flambeaux, avec Andrew Garfield en Peter Parker new âge.

Je ne traiterais pas de la campagne promotionnelle désastreuse et affligeante. Je dirais juste qu’en regardant les différents trailer aux images quelconques et passe-partout, pas besoin d’être super calé sur le sujet pour se rendre compte que le réalisateur à du se faire violer bien méchamment par l’équipe de production, histoire de faire comprendre qui est le patron.

J’avoue, j’ai beaucoup aimé « 500 jours ensemble » qui à mes yeux fait partie des meilleurs rom-com qui m’ait été donné de voir, mais ça ne m’a pas empêché de considérer que ce projet puait du cul depuis le début.

Néanmoins, j’ai décidé, tardivement certes, de lui donner une chance.

Et ben après vérification de l’objet, je peux maintenant le dire, c’est décidément pas la joie, mais alors du tout.

Certes le casting est pas mauvais, mais on ne peut pas dire que la prestation des acteurs soit bien différente des précédents films (celle d’Andrew Garfield).

Le scénario, malgré quelques bonnes trouvailles par-ci par-là, ne fait que de la mise en place du début à la fin et se retrouve avec une bonne dizaine d’intrigues secondaires inachevé (décidément, ce syndrome de l’écriture de pilote de série tv n’est pas près de s’arrêter) et contient même des incohérences impardonnables (ah ce coup de l’appareil photo).
Certaines séquences sont purement et simplement les mêmes que dans le premier film, sans chercher à innover, et n’apportent rien de neuf et d’autres, qui sont pourtant des passages inévitables et vitales, sont traitées par-dessus la jambe.

Le héros, quant à lui, est antipathique, prétentieux, futilement rebelle et pourtant charismatique au point de se faire accepter rapidement dans son lycée, tout le contraire de l’image du paria geek des années 60.
Ok, les « passionnés » d’aujourd’hui ont pris le pouvoir et ce sont imposés, c’est un fait, et il est donc normal de les représenté à l’écran sous un nouveau visage.
Cependant, je ne suis pas certain que ce soit pertinent de faire de ce Peter Parker nouvelle cuvée une copie carbone de Mark Zuckerberg.

Les effets visuelles sont réussis, par contre je dis pas bravo pour avoir attribué au bad-guy le look des reptiles attardés de l’adaptation cinéma de « Super Mario Bros ».

Bien que la photographie soit classieuse, la mise en scène est sans âme au possible, et les rares bonne idées visuelles comme la vision subjective sont peux développées.
Pour les scènes de voltiges, non seulement ça n’a aucune personnalité mais en plus c’est plan-plan et n’offre aucune sensation (ca me manque ces mouvements de caméra impossibles Raimi style).

Les Climax ? N’en parlons pas, ils sont inexistants et mollassons comme tout (remattez-vous les séquences avec le dock ock du deuxième opus, ça à bien plus de gueule et ça n’a pas vieilli d’un iota)

Les scènes humoristiques et romantiques, raison pour lesquels Webb a été sélectionné ?
Et bien ça oscille entre le passable (la romance Peter /Gwen est touchante sans plus et parait même un peu forcé par moment) et le pathétique (la scène du tram, de basket et de la salle de bain font presque passer la tv film « High School Music-Hall » pour un authentique chef d’œuvre).

Et pour finir, parlons-en de cette fameuse touche soi-disant dark.
Hormis le fait que ca se passe la nuit, je ne vois pas.
Non mais sérieux, je peux comprendre que l’on puisse reprocher des trucs à la trilogie initiale, mais faut savoir relativiser un peu.

Si ce remake est plus « sombre et adulte » la saga de Raimi, ben dans ce cas autant dire que « Twilight » c’est de la pornographie hardecorisime.

Bref, j’ai beau faire tout les efforts, je ne vois vraiment pas ce qu’il y a d’Amazing là-dedans.
Au contraire, j’ai vraiment peur pour l’avenir si ce genre de choses parvient à s’affirmer.
BastienInacio
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le 28 oct. 2012

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BastienInacio

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