Voici un film qui me pose problème. Mais un énorme problème. Hou Hsiao-hsien est un cinéaste que je ne connais absolument pas mais qu'au vu de sa filmographie gagne à être connu. En effet, je n'ai absolument pas aimé ce film. Mais alors pas du tout. Bref, ce film pour moi est nul. Navré. Du coup, si je m'écoutais je lui mettrais un 1 sans sourciller. Mais comme je suis sur Sens Critique, je ne m'écoute pas. Car ce film que je n'aime pas est excellent, proche du chef d'oeuvre. Contradictoire n'est-ce pas ? Et bien de la part de quelqu'un qui aime les Profs et qui a pris son pied devant Fast and Furious 7, rien d'étonnant (qui sont notés 3 et 5).



Une réalisation impeccable mais affreusement lente



Je n'ai rien a dire dans la réalisation. Elle est excellente. Chaque choix de mise en scène est cohérente avec l'esthétique et le réalisateur utilise bien le langage cinématographique (notamment l'introduction en noir et blanc). Il rend aussi les personnages à la fois iconiques et identifiables. Chaque plan est à la fois puissant et génial. Et on comprend tout en sans qu'il y ait de messages. Il y a pas mal de plans suggestifs qui permettent une bonne progression de l'histoire (et d'autres plans plus contemplatifs). Il y a juste un problème. C'est lent !!!!!!!!!!! Trop lent !!!! Mais vraiment trop lent ! C'est limite soporifique. Oui donc pour un non averti, le film devient ennuyant et qu'au bout d'un moment on perd la compréhension du film. Mieux encore, il y a pas mal de scènes trop suggérées. Bien sûr, ce parti pris est voulu, mais à trop faire dans le subjectif cela nuit à l'histoire qui est somme toute bien écrite. Je ne demande pas qu'il fasse la redite de Michael Bay dans The Rock qui comporte aussi à l'introduction une scène cinématographique tout ce qu'il y a de plus intélligent (et un tacle pour les anti-Michael Bay ! Un !), mais quand même.


Exemple typique : Dans une scène on voit Shu Qui se battre contre l'armée Tian Ji'an, mais on ne nous montre pas la résolution. Dans l'esprit du film cela passe car l'action n'est pas vraiment le cœur du film, mais dans la cohérence ça ne passe pas du tout car cette bataille n'est pas mentionnée. Du coup on ne sait pas si ce parti pris est bon ou mauvais


Cette mise en forme du récit est très théâtrale et qui marche vraiment bien sur le papier mais dans le contexte cela passe plus difficilement. Et le film est toujours comme ça, trop dans la suggestion que cela devient un handicap pour la compréhension du film mais pas pour le film lui même. Cela dit , ça ne pose pas de problèmes aux personnages en eux-même.



L'oiseau non en cage



Dans le rôle de l'assassin Nie Yinniang nous avons Shu-Qi. Et ça fait du bien de la voir. Oui j'en avais un peu marre de me souvenir d'elle comme étant la femme du Transporteur (sérieux TF1 diffuser ce film juste pour surfer sur la sortie de The Assassin, c'est complètement con). Elle joue le rôle d'un assassin à la Elektra (le comics, pas le film). Froide, sans émotion silencieuse, presque fantomatique. Elle ne prononce pas un seul mot dans tout le film sauf dans 3 scènes à la fin, ce qui rend le personnage aussi fascinant qu'un T-1000 (ça c'est pour les fans de Terminator : Genisys). Le film mise plus sur la menace qu'elle représente que ses actions. Et c'est aussi un assassin qui n'a pas renoncé à son humanité ce qui la rend plus attachante, mais aussi qui l'a fait être une paria aussi bien au sein de sa propre famille et par la none qui l'a formé. On a donc une filiation assez Star Wars dans le traitement, ce qui n'est pas étonnant car Star Wars est librement inspiré du Château de l'Araignée de Kurozawa. Bref, il s'agit d'un bon personnage sans émotions.


Tian Ji'an (Chang Chen) a un rôle assez proche de son rôle dans l'excellent 3 Royaumes de John Woo (mais si vous savez, le très bon film que Chow Youn Fat a osé abandonné pour tourner Dragon Ball : Evolution...). Il s'agit d'un gouverneur cousin de Yinniang qui est la cible à abattre. Toujours sur la brèche et qui est limité par le rôle de gouverneur qui lui incombe. Ce qui fait de lui un personnage témoin qu'on a envie de savoir son devenir et que le film montre comme l'homme qui veut lutter contre l’inévitable à savoir sa mort.


Dame Tian (Zhou Yun) est la femme de Tian Ji'an. Dans le film malgré une importance moindre, occupe une place plus que centrale. Le film n'oublie pas de nous la rendre importante et indispensable dans la narration, surtout dans la fin


Où on apprend qu'elle est enceinte, alors qu'elle ne le devait pas.


Et ... il y a qui déjà ? A oui les parents (Nie Feng et Nie Tiang joués par Ni Dahong et Yong Mei) Je trouve que même si leur importance est fortuite, l'exploitation que le film en ont fait est quand même très intelligent. Sans même les introduire, on sait qu'ils ils sont quels sont leurs sentiments envers leur fille et on sent la peine qu'ils éprouvent en la voyant. Le problème, on les exploite une fois mais après le film on ne sait pas très bien ce qu'ils deviennent.


La nonne jouée par Fang-Yi Sheu (elle ressemble étrangement à la responsable des poignards volants dans le film du même nom) a peu de temps d'exploitation mais mémorable. Elle possède la même froideur qui a déteint sur Yinniang et elle donne vraiment une prestation imposante et incroyable.


Quant aux autres personnages, ils sont plus ou moins importants. Seulement il y a 2 personnages auxquels je me demandais ce qu'il faisait là : le sorcier et le serviteur. Le serviteur ça va, suggestion oblige on sait qui sait et on peut deviner comment il a fait pour deviner comment il connait Yinninaing. Par contre le sorcier, il pope juste comme ça. Encore une fois, très bon antagoniste mais très mal introduit où alors introduit de manière trop suggestive, c'est selon. Oui film ! Explique moi-ça ! Explique ! EXPLIQUE !!!! (désolé, j'ai eu une réminiscence d'un gag de l'Ermite Moderne. Mdr, il est contagieux ce type... fichu babrbu)



La quête d'un oiseau de proie



Et avec tout ça où en est l'histoire ? Bah, il n'y en a pas. En faite si, tout le film raconte l'histoire. Nie Yinniang après sa formation auprès de la nonne, veut tuer son cousin pour se venger, mais elle doit faire face à ses propres sentiments, ses hésitations et bien d'autres événements qui seront autant d'obstacle pour mener son projet à bien. Bref, une histoire en apparence simple, mais qui exploite bien ses personnages et leurs psychologies. Cependant, le film laisse quand même trop de place à des personnages random et inintéressant (comme la fille au masque, d'où elle sort ? Quel est son importance dans l'histoire ?). Et encore une fois, le suggestif nuit à l'appréciation du film même si au fond cela fait sa grande force. Bref, c'est un film objectivement bon mais subjectivement inaccessible. C'est le genre de film où on peut se venter d'avoir compris toute sa profondeur et on peut dire à la personne qui a aimé Deadpool qu'il est un gros beauf. Oui à ce point là. C'est pour ça que je n'ai pas aimé le film parce que malgré les intentions de bases et les qualités évidentes (et Shu Qi), à aucun moment je me suis senti concerné ou investi par ce film, parce qu'à chaque fois je devais faire un effort intellectuel surhumain pour tout comprendre. Je veux bien d'un film intelligent mais si c'est pour me vanter d'avoir compris tous les aboutissants 3 jours après, c'est désagréable (coucou Knight of Cup !). Et c'est dommage car il y aura toujours quelqu'un pour nous dire : "Vous savez ? C'est ça le vrai cinéma !" Et je répondrais que non, c'est un film intelligent et bien pensé mais pas un film qui nous implique.



Comment noter ?



Et bien je suis obligé d'être objectif. Ce film est excellent. Mais il s'agit du meilleur film que j'ai vu de ma vie mais que je n'ai pas du tout aimé. Je comprends les choix de narration, de mise en scène et de personnages, mais je ne me suis pas senti investi. Ce film n'est pas pour moi. Donc est-ce que je peux le recommander ? Bah oui et non. Car ce film possède d'énormes qualités, mais qui ne plaira surement pas à tous le monde. Donc ce sera à vous de voir

Créée

le 17 mars 2016

Critique lue 387 fois

4 commentaires

Neo Cosmic

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