Eté 49, Ed Crane "is the barber". Toute sa vie se résume à cette simple assertion. Tous les jours, il se rend à la boutique où il coiffe les hommes de la ville. Tous les soirs, il rentre chez lui où il retrouve sa femme Doris. Sa vie est simple, insipide. Il travaille dans le magasin de son beau-frère. Il partage son toit avec une femme qui ne l'aime pas et qu'il n'a pas réellement choisi. Toute son existence n'a été qu'une longue suite de non-choix. Un jour pourtant un homme lui propose d'investir dans un de ses projets commerciaux. Ed décide de faire chanter l'amant de sa femme afin d'obtenir l'argent nécessaire. Cette décision signe le point de départ de sa résurrection intérieure. Désormais, Ed Crane devient l'acteur de sa propre vie et il devra en assumer les conséquences.


Les frères Coen ont le chic de mettre en scène les anti-héros les plus attachants et profonds qui soient. On a ri aux éclats avec Le Duc (The big Lebowski). On s'est exaspéré contre Llewyn Davis (Inside Llewyn Davis). Ed Crane va vous arracher le coeur.


A l'image de la grande majorité des protagonistes des films des frères Coen, le barbier est un homme ordinaire, de basse condition sociale qui subit sa vie. Un événement imprévu va bouleverser son quotidien et le plonger dans une spirale paradoxalement destructrice envers les autres mais salvatrice pour lui. Filmé en noir et blanc, porté par la voix en off du personnage principal, le film dégage un indéniable charme. Pendant près de 2 heures, le téléspectateur est bercé par la tristesse poétique du récit du barbier et fasciné par son charisme ténébreux. Billy Bob Thorton, qui jouera également admirablement dans l'adaptation en série de Fargo, incarne à la perfection le rôle de cet homme laconique, énigmatique qui prend subitement conscience du temps perdu.


En embrassant le vice, le barbier ose enfin sortir des chemins battus et rejeter la facilité qui a été le fil conducteur de toute son existence. Extraterrestre de sa propre vie, Ed, c'est l'homme moderne. Alors, bien évidemment, on se doit de prévenir : The man who wasn't there, ce n'est pas un film d'actions, l'histoire prend son temps. Ce n'est pas un thriller, même si les policiers pointent régulièrement le bout de leur nez. Ce n'est même pas un drame, bien que l'émotion soit palpable. The man who wasn't there, c'est l'histoire d'un mec qui passe de fantôme à mort-vivant.

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le 17 sept. 2016

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