"The Big Lebowski" ou "Le second degré, au bout d'un moment, ça picote"

Pourquoi s'emmerder à pratiquer un sport contraignant physiquement (VTT), mal vu par une frange de la population (foot), ringard (pétanque) ou juste chiant (natation) quand on peut faire du bowling. Pour les gens qui aiment nager, je vous conseille la lecture du mode d'emploi de votre dernier doliprane, cela devrait être particulièrement passionnant.
Au bowling, comme à la pétanque, boire comme un trou, fumer comme un pompier et manger comme un américain n'est absolument pas contre-indiqué. De toute manière, même si ça l'était, le Dude et ses potes n'en auraient rien à foutre. Psychologiquement instable, incapable de rester sérieux trente secondes, le héros est à l'image du film, totalement barré et jamais au premier degré.
De manière générale, l'histoire n'est qu'un simple prétexte, une sorte de vulgaire toile de fond, le genre de poster que vous mettez dans votre chambre parce qu'il fait classe mais dont vous vous foutez royalement. Attention, ne vous méprenez pas, scénario il y a. A l'image de ce poster il est là, mais vous passez devant sans le voir. *The Big Lebowski* c'est le genre de film dont on retient les vannes, pas l'histoire.
Les gens qui ont fait ce film sont fous. Rythmé par l'alcool, l'absurde et les tapis, le bowling et les sonneries de téléphone, le film est un enfant bête, né prématurément et bercé trop près du mur. Pas grave, c'est rigolo quand même. Tout part en vrille, des gens meurent, des gens pleurent, d'autres en perdent des orteils. Ça vous semble totalement débile? Rassurez-vous, ça l'est bien plus.
De toute manière un film qui vous explique que "les nazis, eux au moins avaient des principes", ne peut décemment pas être placé sous le signe de l'humour au premier degré. Apprécier *The Big Lebowski* c'est faire le deuil de ses croyances personnelles pour se convertir à la seule, l'unique religion qui en vaille vraiment la peine : Le Bowling. C'est savoir porter avec classe des chaussures ridicules. C'est apprendre à se faire humilier à coup de Strike aléatoire par des mecs qui ont déjà 2,5 grammes dans chaque bras. C'est se faire marcher dessus et dire merci. C'est bien choisir ses mentors, entre ceux qui vous apprendront à jouer et ceux qui vous apprendront à boire (les deux sont essentiels). C'est se souvenir que l'important ce n'est pas de gagner mais d'humilier l'adversaire. C'est savoir manier la mauvaise foi avec autant d'adresse que la balle ("fair-play? Ah non, je ne sais pas ce que ça veut dire, moi je faisais espagnol au collège"). Et c'est se dire que, mine de rien, la terre n'est passé qu'à trois trous de la perfection.
Par contre si vous avez les pieds sur terre, une logique à toute preuve et que vous êtes de manière générale quelqu'un de plutôt chiant dans la vie, partez vite. Fuyez pauvre fou. Parce que si vous décidez de rester, c'est à vos risques et périls. Car tout peut partir en couille à tous moments, sans coup férir, tout comme cette chronique.
Mais rassurez-vous, il y a bien pire. Car dans la catégorie de l'humour absurde, le film *Dans la peau de John Malkovich*, est encore un niveau au-dessus, pour le meilleur et (surtout) pour le pire.

Que ceux qui s'opposent à cette chronique parle maintenant ou se taisent à jamais.

olam_wrec
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le 20 juin 2016

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Olam Wrec

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