The Blade
7.4
The Blade

Film de Tsui Hark (1995)

Tous des grands malades.

Le héros a ce regard-persan, ce regard et cette rage intérieure nous traduisant qu'il ne tardera pas à frapper. Au préalable il signe une trêve. Sa trêve. C'est ce qu'il souhaite, mais les ennuis viennent d'eux-mêmes. Comme tout ce qui se trame autour de sa personne, il ne va jamais de son propre chef jusqu'à ses clients pour les payer en sang. Non, il attend sagement que les fustiges s'abattent sur lui pour les repousser de tout son corps. Il est tel un chien tenu en laisse que l'on craint d'approcher. Il y a bien une ou deux fois où, poussé par les méandres de ses compagnons, il va s'élancer pour défier ses assaillants.

Le héros, après toutes ces nuits chaudes et embrumées et, passé l'aube du matin, fait un retour triomphant pour percer les tétons du tatoué et lui faire cracher ses boyaux. Un retour qu'aucun ne peut repousser, un retour qui n'aura fait redouter nul monde, si ce n'est le héros lui-même.

La maîtrise, le héros n'en détient pas tout le potentiel. Et c'est à l'image du film qu'il sert, car The Blade est souvent capricieux, il rechigne contre une lisibilité par peur qu'elle gangrène l'esprit de son atmosphère et de ses affrontements. Mais on lui pardonne, même si cela prendra du temps à être digérer, on ne peut qu'applaudir ces images de hautes volées, cette galerie de personnages virevoltants, débordant d'énergie, et cette lumière qui nous ferait presque croire à des manifestations divines, mystiques ou menaçantes.

La maîtrise n'a donc pas une dimension d'intouchable, elle peut s'embellir de par mille et une choses et sa réussite ne se limite pas à l'immobilité d'une caméra. Le cadrage est pris sur le vif, il découle d'une improvisation que le spectateur pourra aisément s'imaginer tant il veut croire à l'histoire mise en scène. The Blade est un représentant du cinéma-vérité, à la limite du nauséabond, mais ce n'est que le résultat volontaire de Tsui Hark pour qui chaque joute verbale, brutale, sont une expérimentation, aussi radicales soient-elles.

Des grands malades qu'on a aimé et qu'on regrettera.

Créée

le 23 juil. 2014

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Eren

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