The Captain - L'Usurpateur par Fullenbaum

Disons pour simplifier que ce serait une sorte de Lacombe Lucien mais à l'allemande avec un réalisme, une dureté, une âpreté difficilement soutenables. Le héros, le Capitaine, se trouve propulsé par une suite de hasards de l'état de proie à celui de chasseur. L'acteur principal, remarquable, a un visage qui fait songer à Poutine, il sauve sa peau en tuant, un système à tiroirs impose ce stratagème délirant qui lui vaut d'être suivi par une meute au garde à vous, en rut de meurtres. Le cinéaste ne nous fait pas de cadeau, il nous maltraite jusqu'au bout de l'horreur qu'il prolonge même par des scènes d'orgies carnavalesques. Il raffine même avec un jeu de rôles de détenus promus acteurs à qui l'on demande de jouer leur mort en train de se jouer, et ils se la jouent en réalisateurs de leur propre fin. Une seule image en couleurs surgit soudainement du film en noir et blanc à l'improviste, comme un procédé brechtien de distanciation. Une musique comme un soufflet de forge, scande ce dépôt de bilan, bilan qu'on découvre dans le générique final, qu'il ne faut pas manquer, où les barbares sortent de leur époque pour arpenter les rues d'aujourd'hui et procéder à des des contrôles d'identité énergiques.