Ah ! Le thriller coréen. Figure de style, qui va finir par devenir une figure imposée tout court. Ils ne font jamais rien comme les autres, ces coréens. Aujourd’hui, c’est l’histoire d’un ancien flic devenu proxénète, qui se lance à la recherche du serial killer qui enlève ses filles ( ?)…Euh…Ah bon ? Ah ouais, c’est bien ça ! Original. Comme d’habitude on va dire. Et on est vite fixé. Les coréens ont du style, et du goût. Un pays où les putes vont au boulot en Jaguar©, c’est un pays très intéressant. Ils sont obsédés par la perversité, et la corruption, les cinéastes de ce pays, et c’est aussi un point intéressant. Ce film c’est un pamphlet sur la corruption de la société coréenne, comme si elle avait ça chevillée au corps. Si on n’y prend pas garde, on peut passer à côté, et ne voir que l’action, l’enquête, le rythme, le plaisir.


 Ce film est surprenant. Car après un début prometteur, ça se calme, et il ne se passe plus rien. On peut se faire avoir, et penser que c’est finit. On s’arrête sur une longue garde à vue. Le suspect numéro 1, est relâché pour fautes de preuves. Et Joong-Ho, le ripoux-proxénète fait la gueule. Il sait que c’est lui. Mais comment le coincer ? L’autre est malin, et la police incompétente, pour ne pas dire je m’en foutiste. Autre point important, on sait dès le départ qui est le coupable. C’est comme un épisode de Columbo. Tout le monde sait que le suspect est coupable. Mais bon, quelques putes en plus ou en moins... La hiérarchie s’inquiète plus de la mauvaise pub, si cette affaire éclate au grand jour, pendant la tournée du maire en visite dans le coin. C’est ça qui est important. La visite du maire...


   Comment faire pour coincer une ordure, alors qu’on est soi-même une belle ordure ? Mi-Jin, une de ses filles disparue est toujours en vie, il le sait. Joong-Ho se jette dans une course poursuite à  l’aveugle avec ses armes. Son sale caractère, et ses poings. Mais qu’on ne s’y trompe pas. C’est une vraie ordure. La fille de Mi-Jin l’a bien cernée. Dès le premier instant, elle l’a appelé par son vrai  nom : « Ordure !»


    Et voilà que l’ordure se transforme en chaperon par intérim, (contraint forcé par les évènements, le temps de retrouver la maman). Plus les choses avancent, plus on se rend compte qu’il y a plus une quête, qu’enquête au sens classique. En plus de la leçon de mise en scène ; nerveuse et stylisée, et le montage presque vidéoclip, (dans le bon sens). Les petites ruelles sombres deviennent un dédale, où Joong-Ho se perd à vouloir (la) retrouver, ou bien (se) retrouver ? Impossible. On ne peut pas être et avoir été du bon côté des choses. Et soudain…


  Voilà que le sacrifice d’un second-rôle que tout le monde avait finit par oublier, nous remet sur les rails du thriller version gore ! Polar noir et gore. Un sacrifice inattendu et sadique, (un régal pour tout cinéphile averti). Le sang éclabousse tout le monde. Ce sacrifice qui m’a remis à ma place de spectateur impuissant et voyeur, rendu mou par le plaisir du vidéoclip. Faux-rythme trompeur, montage au scalpel, puis accélération. Mise en scène très riche, ma foi, on est bien dans un film coréen. Á voir pour prendre un bon coup de masse derrière le crâne, ça réveille parfois.


Voilà une autre façon de faire régner, et monter peu à peu la tension. Placer l’antihéros dans un triangle diabolique. Mi-Jin enchainée dans le repaire du tueur. Le serial Killer en garde à vue, puis en vadrouille. Et Joong-Ho coincé entre les deux qui court comme un beau diable, car il sait qu’il a peu de temps. Du grand Art ! Et cette petite fille, elle est trop éveillée pour une enfant de son âge. C’est quelque chose d’autre. Sa conscience, peut-être ? D’où la question : « Les ordures ont-ils une conscience ? »


Tableau jouissif, et pensif en même temps. Et jusqu’au bout, on attend la rédemption de la petite ordure, car il ne reste plus que ça pour sauver la face. Mais elle tare à venir. Va-t’elle arriver d’ailleurs ?

Angie_Eklespri
9
Écrit par

Créée

le 19 juil. 2018

Critique lue 161 fois

1 j'aime

Angie_Eklespri

Écrit par

Critique lue 161 fois

1

D'autres avis sur The Chaser

The Chaser
drélium
8

At last.

Bon ok, c'est vachement bien. Et pourtant, je vous jure, vous me saoulez avec vos films glauques qui ne peuvent pas s'empêcher d'aller aux plus bas instincts pour réveiller quelques sentiments forts,...

le 10 févr. 2013

129 j'aime

32

The Chaser
Gand-Alf
9

La poursuite impitoyable.

Présenté notamment au festival de Cannes en 2008 (où il connut une standing ovation d'une dizaine de minutes) et à Deauville en 2009, The Chaser fit l'effet d'une véritable petite bombe pour ceux et...

le 13 févr. 2016

107 j'aime

1

The Chaser
Aurea
6

À un rythme d'enfer

La course poursuite infernale d'un ancien détective, devenu proxénète, pour tenter de retrouver l'une de ses "filles" enlevée par un maniaque sexuel. On est d'emblée saisi par le rythme percutant du...

le 27 juil. 2011

95 j'aime

38

Du même critique

Fargo
Angie_Eklespri
4

On peut aimer Fargo, le film. On peut ne pas aimer Fargo, la série

   Un peu lourd…pas très subtil. Faire d’un film culte, une série, c’est pas facile. C’est même risqué. Ça peut devenir vite casse gueule. La série elle-même, est produite par les...

le 11 nov. 2015

22 j'aime

31

Ella and Louis
Angie_Eklespri
10

Ella et Louis

Si vous voulez le disque suprême à écouter à deux, ne cherchez pas plus loin. A deux ou tout seul, ça marche aussi, ça fait voyager. Rien que des ballades, de qualité supérieure, vocalement on a des...

le 23 déc. 2014

21 j'aime

1

Caligula
Angie_Eklespri
8

Caligula et Drusilla font un porno

J’en suis encore à me frotter les yeux, en me demandant comment un truc pareil à pu passer toutes les barrières de la censure. Ce film à les qualités de ses défauts, ce qui est assez rare, force est...

le 27 sept. 2014

16 j'aime