La boucle qui part en spirale sans être carrée... Et une imbécile dans la lune.

Il convient de noter que la principale source d'inspiration de ce film est la série black mirror, ce qui augure déjà du médiocre question subtilité et honnêteté (car, rappelons le, cette série aime trop le pessimisme pour vouloir traiter de façon rationnelle des problèmes réels). Toutefois, l'initiation prend l'angle de l'immersion sans réserve, puisque notre héroïne est ce qu'on appelle communément une "imbécile utile". Un pion qui ne se rend jamais compte de ce qu'il fait, mais qui est tellement satisfait de sa condition qu'il y met tout son zèle, allant jusqu'à précéder ses maîtres dans le déroulement du programme en adoptant inconsciemment la logique qui habille la manoeuvre (lors du débat sur l'adoption du vote électronique relié au compte, notre protagoniste milite pour que le droit de vote soit imposé, en sachant que la très large majorité des américains utilise déjà la plate forme et que l'usage de celle ci deviendra donc obligatoire). A la manière de l'intéressant Par delà le bien et le mal (où Viggo Mortenssen jouait un prof de littérature ayant écrit un drame sur l'eutanasie se retrouvant consultant nazi pour un projet d’euthanasie des handicapés mentaux), on se retrouve donc volontairement du mauvais côté et on en suit la progression. Hélas, chaque démonstration sensée rétablir l'équilibre est lourdement appuyée. Ainsi, deux consultants déballent le dossier de vie de notre héroïne en étant de plus en plus intrusifs, et la scène dure alors qu'on a bien compris le problème depuis le début. Ou encore cette navrante course poursuite au drone, tellement lourde et sur-dramatisée qu'on n'y croit plus au bout de 5 minutes (la procédure de recherche par téléphone était autrement plus subversive).


Et d'un coup, c'est la fin du film. Vraiment, sans prévenir, alors que rien n'était amorcé, paf, générique. On croit rêver tellement cela relève du foutage de gueule, c'est digne de La désolation de Smaug (et les personnes qui étaient en salle à ce moment là SAVENT ce dont je parle). Certes, les pistes amorcées étaient prometteuses, mais ce genre de film qui se bâtit en pyramide dépend alors totalement de sa conclusion. Inexistante ici. Un film comme Strange days se plantait à la fin, mais au moins, il prenait la peine de conclure. Rien que pour cela, - 3 points. Les lourdeurs nous font tomber à 5, et on ferme les yeux sur la facture blackmirroresque de l'esthétique, simple et épurée comme prévu. Dommage que le film n'ait pas osé le partenariat inter-media, car si à ce jour, aucun média n'a le monopole de l'information (notamment grâce à internet), les médias dominants sont tous inter-connectés et régis par des opinions et une politique similaire. Idem pour les réseaux sociaux, dont les polémiques sont relativement peu relayées (la suppression des comptes des relayeurs de "fakes news" par facebook entre autres, où les opinions d'un certain camp sont régulièrement classés d'office dans les "fakes news"). Enfin bon, peut être que les régulières allusions à la démocratie par la transparence et les concepts de coups montés au niveau judiciaires ouvriront les yeux de quelques internautes entre le revisionnage d'un Edge of tomorrow et un épisode de Games of Thrones...

Voracinéphile
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le 17 juil. 2017

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