Prenons la série Black Mirror, intéressons-nous à son propos et globalisons les thèmes dans un film d'anticipation d'1h30. Le tout donne un trop-plein d'idées inabouties, et un résultat beaucoup plus bancal dans un long-métrage, condensé de multiples sujets allant de l'hyper-connection à la violation de la propriété privée, que dans un épisode de 40 minutes, calibré dans sa durée et achevé dans sa critique.


"The circle" n'en est pas inintéressant pour autant, seulement le long abordant trop de thèmes sans aller jusqu'à les conclure, se prêtera plutôt bien au débat mais sans percuter aussi fort qu'un épisode de Black Mirror et sans avoir cette capacité de bluffer et de procurer cette sensation à couper le souffle que nous insufflait la série . Il n'a pas lieu d'être de comparer les deux oeuvres, mais cette dernière va forcément souffrir de la comparaison, d'autant plus que les thèmes traités sont similaires et que la manière de les traiter se montrera trop proche de ce qu'a déjà accomplie la série.


Emma Watson est une actrice qui a la "gueule" mais pas indéniablement l'"acting". Sa prestation ne restera pas dans les annales, mais il serait irrévocable de ne pas relever la sympathie -et l'empathie- qui se dégagent de cette actrice. A ses côtés, nous retrouvons un Tom Hanks un peu trop effacé et incomplet, sans oublier un John Boyega discret, avec un personnage aux abonnés absents.


Concernant son personnage de Ty Laffite, c'est le flou total. Le personnage, qui est l'un des fondateurs du "cercle"par ailleurs, est mis en retrait volontairement de l'intrigue pour d'obscures raisons mêlant les personnages de Tom Hanks et Patton oswalt. Nous ignorons donc pourquoi il continue à érrer dans l'organisme, étant donné qu'il a été écarté et qu'en toute logique, il n'est certainement pas autorisé à visiter-ou même à travailler- dans le "cercle".


A propos de flou, cela ne concerne pas uniquement certains personnages (quand leurs relations entre eux ne sont simplement pas pas sclérosées -Les parents de Mae, représentation superficielle de la figure parentale (et dont on aura droit à une scène de sexe très mal intégrée et plus gênante que drôle) et Mercer, son meilleur ami, présenté comme un potentiel prétendant un peu trop insistant. Et de sa relation avec Annie par ailleurs, dont il manque des fragments.). En effet, dès son entrée dans l'infrastructure, la fonction qu'elle occupe, une sorte de poste de community manager, se montre trop trouble, à l'inverse de la représentation de l'échelle qu'elle gravira au sein de sa hiérarchie, beaucoup moins obscure tout d'un coup.


La technologie utilisée dans le film, bien pensée et effroyablement proche de celle que nous utilisons aujourd'hui n'est finalement exploitée que pour desservir l'intrigue et appuyer certaines scènes qui justifieront une action future et ne sont pas davantage intégrées au sein du métrage.


Ce goût d'inachevé persistera jusque dans sa conclusion, amère et représentative de l'intrigue: incomplète, floue, et décevante. Compte tenu du potentiel qu'avait ce "The circle", nous ne pouvons que recommander "Black Mirror",une série certes déprimante, mais tellement réaliste, jusqu'au-boutiste et diablement efficace. "The circle" exposait les limites et les failles dans un système,ironie du sort: James Ponsoldt fait de même avec son film: le serpent se mord la queue dans les deux cas.

QuentinDubois
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le 30 oct. 2017

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Quentin Dubois

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