J'ai bien failli ne pas écrire de critique sur ce film. Puis je suis tombé sur sa seule (autre) critique, qui passe tellement à coté dudit film que ça m'a chagriné. Plus pour l'auteur de la critique que pour la pellicule, d'ailleurs, ayant les armes pour se défendre toute seule.
Mais non, je ne suis pas venu pour clasher mais bien pour parler de ce film étrange et envoûtant, sale et tragique, indéfendable moralement et solide en terme de réalisation qu'est The Cleaning Lady.


Un femme (somptueuse Alexis Kendra) vivant dans une certaine opulence est sous l'emprise d'un homme marié possessif qui ne veut pas vraiment quitter son confort familial et fait miroiter à son plan cul énamouré une rupture imminente depuis trop longtemps.
Elle est suivie par une sponsor dans un groupe de soutien, car, envers et contre tout, malgré sa lucidité sur sa situation, elle n'y peut rien : elle est amoureuse.
Une autre femme (interprétée par Rachel Alig, actrice talentueuse et versatile), timide, crasseuse et marquée par un passé violent et des brulures au visage qui la défigurent, mais ne parviennent pas pour autant à faire oublier à quel point elle fût belle. Elle est femme d'entretien, s'en tient à peu de mots, et fait une fixation sur la première, qui par empathie ou besoin de compagnie comble les vides, au point que la bizarrerie de la seconde s'efface devant la bienveillance (un rien "paternaliste") de la seconde.
Les deux femmes se lient d'amitié, et les fissures qui commencent à apparaître au fil des révélations ne sont pas nécessairement celles qu'on anticipait.


En dire plus, ce serait déjà en dire trop, car le film réussit à maintenir son rythme, en révélant suffisamment sur le passé trouble de la fameuse Cleaning Lady, nous laissant goûter des pointes de désespoir, de violence, d'abjection finement dosées, jamais totalement gratuites, jamais vraiment justifiées.


J'ai eu la chance de découvrir ce tour de force à froid, sans savoir rien de la filmographie du réalisateur (par exemple, je n'ai découvert qu'après coup qu'il avait fait l'honorable The Shrine, vu il y a quelques années, ni que c'était tiré d'un court-métrage du même gars), sur les conseils d'un ami alors que j'hésitais à regarder un film après Justice Sauvage (un film dont je causerai probablement à l'occasion), un homme de peu de mots : "Au fait, tu connais The Cleaning Lady ? Non ? Regarde le." Et regardé, je l'ai.


Bref, oui, il y a forcément mieux dans le domaine, plus violent, plus subtil, plus beau, plus crade, mais ça n'enlève rien à la singularité et aux points d'orgue de ce film, ni à la capacité du réalisateur de ne pas sombrer dans la simple dilution de son court-métrage, ne pas se contenter de faire le même en plus long, car, fort heureusement, Knautz sait construire ses films, écrire des personnages (et choisir ses actrices), et comprend le rythme d'un long métrage, ne confond pas lenteur et pesanteur.

toma_uberwenig
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le 20 nov. 2021

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