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Peut-être qu’il existe un univers parallèle où le film est bon.

Si vous avez envie de mater une parodie pas drôle du vaisseau de l’angoisse, foncez voir Cloverfield Paradox !


Si, bizarrement, l’expérience ne vous tente pas, on aura du mal à vous convaincre de vous infliger les deux heures d’incohérences vaguement référencées de ce goulbi-goulba SF en pleine descente de Slusho avarié.


La “saga” cloverfield est une série de films indépendants les uns des autres mais reliés par de subtils indices reposant autant sur ce qui est montré à l’écran que sur le marketing viral savamment orchestré sur internet. Tout comme la franchement bonne surprise 10 Cloverfield Lane, Cloverfield Paradox a longtemps été un scénario de SF lambda (appelé God Particle, à tel point que l'actrice principale Gugu Mbatha-Raw n'a appris qu'elle avait tourné un Cloverfield que le jour de sa sortie) qui a été récupéré et remanié par la boîte de production de J. J. Abrams pour s’insérer dans le label Cloverfield. Attendu des mois, repoussé deux fois, il est sorti sur Netflix dans la foulée de sa première bande-annonce diffusée à la mi-temps du superbowl américain. Vu le résultat, on se demande quand même si cette opération com n’était pas là juste pour provoquer une ruée de spectateurs avant l’arrivée des premières critiques tout en évitant un four s'il était sorti en salle.


Le problème de The Cloverfield Paradox est avant tout dans son scénario à base de guerre mondiale écolo, d’accélérateur à particules et de références à la famille Adams. Il s’éparpille sans jamais se trouver et on hérite d’une brochette de passages obligés du film hollywoodien dans une station spatiale (plus Armagedon ou Passenger que 2001 ou Interstellar d'ailleurs, avec un zeste de Sunshine) où les personnages vont (mollement) subir les effets du voyage entre dimensions sans pouvoir - ou vouloir - y remédier.


Le film ralenti ? Injectons lui une sous-intrigue débile à base de possession démoniaque quantique que nos scientifiques vont subir pendant 2 minutes et expliciter pendant dix, préférant à un peu de mystère affirmer une énormité dans un pseudo-jargon scientifique : "c’est normal on a dû percuter un boson de Higgs qui a changé la couleur du babyfoot". Tu m’en diras tant… Le spectateur se retrouve dans un rôle flaccide et décérébré sur son canapé à attendre la prochaine bizarrerie que le film sortira de son chapeau en envoyant toute volonté de poser une ambiance ou de jouer sur nos attentes aux oubliettes.


Au-delà de l’attachement zéro que l’on a pour nos héros aux backgrounds clichés, Paradox bousille surtout la possibilité de lier les films entre eux en balançant ses univers parallèles dans la mare tout en se payant un dernier plan qui aurait juste pu être un doigt d’honneur du scénariste dressé au public à ce stade. Il est l’équivalent de ce moment dans la série Lost où les scénaristes ont avoué qu’ils n’avaient eux-mêmes pas une p*tain d’idée de ce qu’il se passait et qu’ils n’avaient ni l’intention ni la capacité de résoudre les mystères présentés. Non vraiment même si vous êtes en manque d'horreurs spatiales j'en viens à vous conseiller Life. À part pour les fans de la saga prêt à se faire du mal, évitez ce chose. Paraît que l'épisode 4, potentiellement appelé Cloverfield Overlord, se passera dans les tranchées avec des monstres Nazis. J'ai pas hâte.

Cinématogrill
4
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le 1 mars 2018

Critique lue 232 fois

Cinématogrill

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