The Collector
5.9
The Collector

Film de Marcus Dunstan (2009)

J'avais déjà croisé plusieurs fois le titre de "The collector", mais je me souviens surtout de cet article sur je ne sais plus quel site qui évoquait toutes les utilisations de "Bela Lugosi's dead" au cinéma. Il y avait The collector, et l'extrait présenté m'avait donné envie, il y avait une esthétique pas mal. Je n'étais pas trop motivé pourtant, étant donné que la note sur Senscritique est de 5,8/10 seulement.
Plus récemment, en découvrant que la sortie d'une suite nommée "The collection" approchait déjà, ce qui m'a surpris étant donné que le premier film n'est pas si connu que ça, j'ai reconsidéré The collector.

Je ne connaissais même pas le pitch, pourtant fort intriguant ; je ne l'ai lu que juste avant de lancer le film. Le personnage principal est un braqueur qui rentre par effraction dans la maison de son employeur, et qui découvre une fois sur les lieux que la famille est séquestrée par un tueur qui a piégé toute la demeure.
J'aime bien le fait que le personnage censé être mauvais, le braqueur, se retrouve à remplir le rôle de héros, contre un type encore plus méchant que lui, un psychopathe (lui voudrait sûrement qu’on dise qu’il est un "collectionneur", mais bon…). Arkin le braqueur est d’ailleurs quelqu’un avec des valeurs humaines, il y a en toile de fond une histoire avec sa femme et sa fille à qui il doit procurer de l’argent ; il est du genre à penser aux autres plutôt qu’à lui, ce qui se voit également quand il tente de sauver une fillette des griffes du Collector alors qu’il pourrait juste s’échapper.

Le film s’ouvre sur des images aux teintes bleues, verdâtres, plus ou moins dégueu selon les scènes. On catégorise dès lors The collector dans ces films d’horreur modernes qui se vautrent dans de la correction colorimétrique sans retenue et sans nuances. On enfonce le clou en donnant encore plus de signes sur la génération à laquelle appartient le film lors du générique de début à l’esthétique clipesque très surfaite, avec musique électro ; et pourtant ça donne quelque chose de plutôt cool ici… Avec des choix aussi clichés, je n’ai pas été étonné qu’il y ait des jumpscares à la con dans ce film, le plus absurde étant celui où le héros sursaute (au début du film, avant le début du massacre) à l’arrivée d’un enfant, sans qu’il n’y ait rien de spécial qui puisse l’effrayer. On dirait que c’est davantage le sursaut qui est censé nous faire peur que l’arrivée de l’enfant.
Les autres choix esthétiques du réalisateur sont beaucoup moins impersonnels, au contraire on reconnaît la présence d’un auteur bien plus que dans la plupart des films d’horreur.
Il y a pas mal de plans atypiques (le gros plan furtif sur la bouche de la femme quand elle appelle son mari depuis une autre pièce), les choix sont étranges mais fonctionnent.
Lors d’une conversation téléphonique, arrivent par flashs des images de femmes éclairées au néon, on ne comprend pas, jusqu’à découvrir que ça provient de la séquence suivante, qui se déroule dans un strip club.
Il y a également des plans dingues comme celui où, d’une position normale de caméra, on passe à un plan zénithal par-dessus un mur, nous montrant la séparation entre deux personnages.

Marcus Dunstan, le réalisateur, se montre tout aussi radical dans sa représentation de la violence.
Avant l’arrivée du Collector, ça se manifeste par une injection de botox où l’on voit en un plan rentrer puis ressortir l’aiguille dans le front de l’actrice. Sans que l’acte soit particulièrement affreux (sauf pour les gens comme moi qui n’aiment pas les piqûres), on a déjà l’idée qu’il n’y a pas de compromis dans la représentation que fait le film des actions de ses personnages. Pas de cut pour faire un gros plan où l’aiguille rentre dans du latex plutôt que la peau de l’actrice, non, un plan sans coupe.
Plus tard, gros plan sur les poils de la main du héros qu’on griller lors d’une torture. Ouille.
Mais ce n’est rien à côté de ce que réserve le personnage du Collector au spectateur.
Bon, qu’il piège une maison à ce point, et de façon aussi complexe, ce n’est pas bien crédible… mais les pièges sont géniaux !
Maintes fois, j’ai eu affreusement mal pour les personnages, je me suis plaqué la main sur la bouche, j’ai serré et mordu mon poing, j’ai murmuré "oh non…".
En dehors des personnages, le film s’en prend à un chat, et de façon vraiment sévère, et qu’on s’en prenne à un animal comme ça, ça fait plaisir aussi.
Les idées sont en plus de ça soutenues par quelques FX dingues. (Je pense notamment au clou qui traverse l’œil…)
Et il y a une esthétisation superbe de la violence, passant par des prises de vues qui sortent de l’ordinaire, ou quelques ralentis.
J’évoquais "Bela Lugosi’s dead"… l’utilisation de cette musique est vraiment bien, et la scène dans laquelle elle est placée est particulièrement travaillée.
Je critiquais l’image, mais on reconnaît un gros travail concernant le son.
Même les clichés de souffle étrange qu’on entend au début quand un personnage se déplace ou tourne la tête rendent bien.
Mais par la suite, la minutie du mixage répond à celle du travail d’Arkin lorsqu’il essaye d’ouvrir un coffre-fort, et la délicatesse du son lorsqu’on entend un tintement léger provenant des mécanismes des pièges fait qu’on est tout ouïe, ce qui ajoute à la tension déjà présente.

The collector est un film à la brutalité sans concessions et qui joue avec nos nerfs tout le temps.
Un des films d’horreurs les plus affreux de ces dernières années parmi ceux que j’ai vu, et aussi un des plus géniaux. L’un ne signifiant pas forcément l’autre. Les clichés des premiers instants du long-métrage sont vite oubliés.
Une œuvre de grand malade, ça c’est sûr.
J’espère que The collection sera à la hauteur, même si sans avoir encore vu le trailer j’ai des craintes.

Créée

le 14 oct. 2012

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Wykydtron IV

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