The Dark Knight Rises par Lopocomar
The Dark Knight Rises porte sur ses épaules deux poids lourds : clore la trilogie et succéder à un volet extrêmement réussi au niveau public et critique. Des images volées du tournage aux derniers trailers remplis de spoilers en passant par les avis des avant-premières, il est sur toutes les lèvres et aura déjà bien du mal à ne pas décevoir.
Le film essaie de se faciliter la tâche en reprenant l'une des qualités de son aîné : sa construction. Avec son introduction marquante nous mettant dans l'ambiance et présentant le personnage du Joker, Dark Knight avait le public dans sa poche en 7 minutes montre en main. Ici, Nolan essaie de reproduire son hold-up mais pas avec la même maestria. C'est normal, il est plus difficile de surprendre son public lorsqu'il a déjà vu le tour. Et encore plus, quand on ne dispose pas des meilleures cartes. Le choix du méchant pose problème. Malgré la prestation honorable de la masse physique qu'est Tom Hardy, il est compliqué de voir autre chose dans son personnage qu'une brute épaisse qui a envie de tout péter à échelle industrielle. Il essuie bien sûr les plâtres de la performance passée d'Heath Ledger mais même jugée pour ce qu'il est, il garde la stature d'un sbire tout au plus. Et ça, même ce cher Joel Schumacher l'avait compris dans Batman & Robin, c'est sûrement la seule chose d'ailleurs.
Catwoman et Anne Hathaway ne font pas non plus bon ménage. Je pense d'ailleurs que la faute n'est pas à mettre au crédit de l'actrice mais plus à celle de son réalisateur. Mettant en avant Selina Kyle sans jamais utiliser son alter-ego autrement qu'en side-kick à la Robin ou en victime, Nolan ne souhaite pas céder au fantasme geek et oublie de rendre le personnage sexy et séducteur. On termine le film avec l'impression que Catwoman n'a fait que passer et n'a pas servi à grand-chose. Autant dire que les souvenirs de Michelle Pfeiffer vont encore longtemps trotter dans la tête des fans...
Que dire encore de ce ton maladroit et lourdaud dont le film fait preuve ? Pathos à 3000 % et n'hésitant pas à en faire 3 tonnes sur les différents choix pris par Bruce Wayne/Batman qu'on connait déjà tous par coeur, Christopher Nolan a mis le cap sur les violons et nous assène des gros plans fatigants et n'hésite pas à casser toute l'espièglerie et la légèreté d'Alfred et donc tout le sel que pouvait apporter le bien-aimé Michael Caine.Entre ça, le fait que Batman tombe toujours au bon moment et la musique pompière d'Hans Zimmer, on ne doit plus être indulgent mais tolérant... Au jeu des nouveautés, Joseph Gordon-Levitt sort grand vainqueur avec un rôle de premier ordre et très bien interprété. Autre trouvaille d'Inception, Marion Cotillard n'est pas si exaspérante et s'offre une prestation convaincante, ce qui était loin d'être gagné au vu de ses sorties dans Public Enemies, Inception et bien d'autres excursions US...
En définitive et ce sur plus de 2h40, ce troisième volet mélange tant bien que mal les meilleurs éléments des deux précédents volets sans jamais parvenir à trouver son propre rythme. Passé les scènes d'introduction de chaque personnage, le temps passe lentement et c'est seulement lorsque s'annonce la dernière heure que les choses commencent, enfin, à se mettre en place. Pour finir, je terminerai par préciser qu'il m'est difficile à l'heure actuelle d'imaginer revoir le film au vu de ses lourdeurs et de ses longueurs. Un constat qui en dit long alors que j'ai pu voir The Dark Knight 7 fois sans éprouver aucune lassitude.