J'ai été très très très (et encore beaucoup de très) surpris par le succès autant critique que public de ce film. J'avais adoré Batman Begins qui était passé assez inaperçu et il me tardait que l'univers du Justicier de Gotham soit plus fouillé après les longues bases instaurées dans le premier tome.
La cohérence qu'a su préservée Nolan est appréciable déjà dans le casting (où l'on perd Katie Holmes sans vraiment en éprouver de la tristesse), on retrouve le génial Christian Bale, bien moins monolithique que le disent certains et bouillonnant d'énergie et de colère à peine contenues (parfois déversées sur le plateau contre les techniciens). Il est parfait en Bruce Wayne, bien que ne ressemblant pas du tout au personnage du Comics. Il est parfait car Bruce Wayne, contrairement à tous les autres super-héros (mais un peu comme Superman finalement), Bruce Wayne est le costume et Batman la véritable identité. Et Bale parvient à montrer toute la théâtralité de Wayne, tous les efforts faits pour que les gens aient du milliardaire une vision pas réellement négative mais clairement loin de celle du parfait gestionnaire d'entreprise, impliqué et intéressé. Wayne se montre Play-Boy, flambeur comme lors de la réception où il arrive en hélicoptère accompagné de ses drôles de dames... Bruce Wayne est le personnage, alors Batman devient le sérieux, devient la vie de cet être humain qui a laissé à son masque la place la plus importante, qui s'est fabriqué un avatar humain et non un avatar super-héros.
En effet, si Begins s'attachait à explorer la création de Batman, il fallait retenir que cette naissance en tant que super-héros était la vraie naissance de Wayne, l'accomplissement d'un homme qui se trouve de nouveaux parents (Liam Neeson/ Henri Ducard ou encore Alfred).
Dans le casting encore, on retrouve avec plaisir (pour ceux qui l'avaient vu entre autres dans Thank You For Smoking) Aaron Eckhart, le beau, le talentueux Aaron qui donne une telle prestance à son rôle, une telle aura, qui arrive à rendre Harvey Dent tout aussi intéressant que Double Face et c'est là aussi parce que le film s'intéresse au personnage de Comics en tant qu'humain et comprend que pour que le personnage de Double Face ait un sens, il faut que celui d'Harvey Dent envoie des valeurs fortes, des sentiments solides, des croyances et une aura blanche que le film s'attachera à grignoter progressivement pour laisser apparaître, à travers la peau trouée et brûlée de Double Face, le côté sombre si souvent retenu de Dent. Le masque n'est pas tombé, Dent n'est pas un masque. Il s'est laissé ronger par Gotham.
Le Joker, joué par Heath Ledger (pas besoin de rappeler tout le reste) est ici exploité dans un sens qui semble oublier un peu la farce mais instaure le personnage en une sorte de Tyler Durden clownesque, un nihiliste dangereux, génial dans les moyens qu'il se donne pour tout détruire.
Ce casting de choc (ne pas oublier Oldman, Caine, Murphy dans un petit rôle...) est au service d'une intrigue merveilleusement bien ficelée qui nous peint un magnifique tableau remettant en question toute notion de bien, de mal, montrant l'ambiguité des êtres humains, la fragilité des convictions, la force des symboles (la mort de Dent utilisée pour que les gens gardent foi en la police de Gotham, garde espoir pour une ville plus sûre), les sacrifices (Batman devient un paria).
Dark Knight est aussi un objet cinématographique d'une élégance rare, des séquences en IMAX magnifiques avec une mention spéciale pour la séquence à Hong Kong où l'enfant que je suis toujours un peu a pris un pied monstrueux à voir Batman, cape déployée, s'envoler dans un ciel noir. Nolan, ici comme dans ses autres films, s'amusent à redessiner la géographie urbaine, à la remodeler selon ses personnages et à ouvrir le champ de ses possibles.
Un casting de choc, une psychologie des personnages fouillées et intéressantes, un scénario captivant, intelligent, politique, qui interroge énormément (après tout, le méchant gagne à la fin), un film sombre à la BO époustouflante et à la réalisation maîtrisée (et somptueuse), ce film mérite donc la note suprême.
Pick
10
Écrit par

Créée

le 1 oct. 2010

Critique lue 298 fois

2 j'aime

Pick

Écrit par

Critique lue 298 fois

2

D'autres avis sur The Dark Knight - Le Chevalier noir

The Dark Knight - Le Chevalier noir
Hypérion
8

Un Joker au panthéon, un Batman de grande envergure

Pas encore remis de son dernier opus The Dark Knight Rises qui me fait encore trembler de rage mal contenue en y repensant, j'ai pris le risque de revoir son illustre prédécesseur, histoire de...

le 21 août 2012

100 j'aime

22

The Dark Knight - Le Chevalier noir
Sergent_Pepper
9

« Je suis une farce qui va »

Plus d’une décennie après sa sortie, et le triomphe presque sans partage des super-héros sur le box-office mondial du blockbuster, The Dark Knight reste une exception à plus d’un titre. Pour peu...

le 28 mars 2020

84 j'aime

9

Du même critique

The Dark Knight - Le Chevalier noir
Pick
10

Critique de The Dark Knight - Le Chevalier noir par Pick

J'ai été très très très (et encore beaucoup de très) surpris par le succès autant critique que public de ce film. J'avais adoré Batman Begins qui était passé assez inaperçu et il me tardait que...

Par

le 1 oct. 2010

2 j'aime