An agent of chaos

J’avais envie d’écrire pour ce film, car j’aime me rappeler que parmi tous les blockbusters de super héros sans âme de ces dix dernières années, il y a des films devant lesquels il serait bête de passer à côté. Tant pis si ma critique ne doit être qu’une critique de plus louant ce film.

Il est vrai que depuis dix ans, des films de super héros fait par des yes man sans intérêt, il en sort. Beaucoup trop. Une majorité même, pourrait-on dire. Cependant, parfois il peut en être autrement, parfois même on peut se trouver face à une grosse claque cinématographique. Cela m’est arrivé deux fois. Quand on est cinéphile, il faut savoir tendre l’autre joue.

Une fois devant Watchmen.
Une fois devant ce film.

Du coup je cherchais à comprendre ce choc. Comment un tel tour de force à bien pu être rendu possible ?

L'intro, annonçant la couleur. Un braquage de haute volée. Parfaitement orchestré au rythme du thème musical haletant. A la mise en scène extrêmement soignée. Sans oublier une pointe d’humour. Le tout pour présenter le personnage le plus important de l’histoire. Le Joker.

Certains sont déçus que le joker vole la vedette à Batman. Ou qu’il soit beaucoup plus sombre et « réaliste » que cartoonesque. A mon avis c’est le meilleur atout du film.

Nolan a compris ce que peu comprennent actuellement. Moins on en sait sur un méchant, plus il en devient terrifiant. Il va même jusqu’à jouer sur les prétendues origines du joker, gag terrifiant de la part de ce protagoniste, changeant pour chaque victimes. Un des personnages les plus terrifiants de l’histoire du cinéma. Son seul rêve étant de regarder une ville brûler dans un éclat de rire.

Heath Ledger, (Qu’il repose en paix) habite totalement ce personnage, l’imprégnant de sa folie sans limite, aussi jouissive que terrifiante.

Dans ce film, plus intéressant qu’un super-héros, on a le droit avec le personnage de Batman, à un être imparfait. Ayant ses limites et pouvant faire des erreurs, il peut lui arriver de désespérer ou d’endosser un rôle de paria aux yeux du monde. Notamment grâce à des choix scénaristique assez osés que je ne peux qu’apprécier. Il n’est pas un être consensuel, au caractère simplement cool, et sans limite. Bref lui est humain, pas une copie d’une copie d’un archétype de comics interchangeable mainte fois adapté.

Le film monte en tension au fur et à mesure des 2h30 jusqu’au dernier acte, ne laissant aucun répit. Les intrigues se superposent et s’imbriquent sans donner l’impression d’en faire trop. Le tout avec une réalisation, une mise en scène, et une musique, rendant justice aux fulgurances de la narration. La combine parfaite. Le film n’est pas encore fini qu’on en redemande.

Plus qu’un simple divertissement, le film amène à réfléchir sur certains sujets, la peur entre autres. Celle qui peut s’emparer d’une foule, ou même simplement d’un homme en temps de panique et les rendre fous. A ce titre « l’expérience sociologique » de fin en témoigne bien. Où paralysé par la peur, les gens « civilisé » ne se révèlent finalement pas mieux que les criminels. Ou encore lors d’un discours où le personnage de Dent essaye de calmer la foule, de la raisonner avec des arguments logiques, mais par la peur que le terroriste (le joker) refrappe, Dent se retrouve noyé par la peur paralysante de cette foule, empêchant tout raisonnement rationnel.

Et ce final, conclusion exemplaire…

Si vous n’avez par hasard pas encore vu ce film, peu importe vos raisons, le temps n’est plus à l’hésitation.

Un blockbuster de super héros sérieux aux thématiques ambitieuses.
Un thriller noir, violent, terrifiant, haletant, et sans concessions.
Un chef d’œuvre moderne, presque unanimement reconnu à sa juste valeur.
Voir tout ça réuni, c’est foutrement beau.