Un dictateur pas très corrosif
Le buzz, Sacha Baron Cohen sait s'en servir. Pendant la promotion de The Dictator, l'acteur aux multiples personnalités nous faisait saliver d'avance. Accoutré en général Aladeen, Leader Suprême de Wadiya, petit pays d'Afrique du Nord, il osait déverser les cendres de son défunt ami Kim Jong-il sur le mythique tapis rouge des Oscars. Il était également l'un des premiers à féliciter notre nouveau président, François Hollande, dans une vidéo tordante. Par malheur, tout cela n'était qu'un mirage. Bien que parvenant à nous faire rire avec son lot de scènes trash et scato, The Dictator est bien moins corrosif que les précédents délires de l'humoriste. Décevant.
Depuis l'âge de sept ans, le général Aladeen (Sacha Baron Cohen) dirige la République de Wadiya d'une main de fer. Comme tout bon tyran qui se respecte, il voue une haine totale à l'Occident, construit en secret des missiles nucléaires et banni de son vocabulaire les termes droits civiques, liberté ou démocratie.Encouragé par son oncle Tamir (Ben Kingsley), le dictateur se rend à New York pour répondre aux questions de l'O.N.U. Mais les choses ne se passent pas comme prévu. Remplacé par un imposteur, Aladeen tentera par tous les moyens de regagner son poste.
Oublié la forme façon faux-documentaire de Borat et Brüno, Sacha Baron Cohen inscrit son personnage extravaguant dans un style plus conventionnel. Ici, pas d'inconnus, d'américains moyens, mais des stars (Anna Faris, Ben Kingsley, John C. Reilly) qui justifient le budget de 65 millions de dollars alloué au film. Non que leur prestation soit décevante, mais le côté naturaliste de Borat atteignait sa cible plus aisément. Tourné comme un reportage, les propos antisémites, homophobes, racistes du journaliste kazakh choquaient bien d'avantage que ceux tenus par le protagoniste du Dictator. Excepté l'hommage faite à l'ancien despote de Corée du Nord, Kim Jong-il, le politiquement incorrect pointe timidement le bout de son nez. Et ce n'est pas le discours final soulignant les points communs entre une dictature et les États-Unis qui nous rassasiera.
Dommage, car nul besoin de subir la torture pour rire franchement. Amateur de gags raffinés, passez votre chemin. L'humour y est joyeusement régressif et dépourvu d'autocensure. Sacha baron Cohen sélectionne la crème de la blague de mauvais goût, la fleur de la boutade scatophile. À coups d'excréments tombés du ciel, d'urine versée sur un diplomate israélien ou d'un accouchement vu de l'intérieur, on rigole de bon cœur devant les énormités proposées. Le pouvoir comique du comédien parvient à faire oublier la narration inexistante, construite comme une succession de sketchs.
Sans être la comédie acerbe espérée, The Dictator divertit grâce à l'humour trash de Sacha Baron Cohen et de son personnage azimuté. Mais au vu de la qualité des vidéos promotionnelles, le désappointement nous gagne. Trop classique, pas assez subversif.