The Divide déçoit mais rassure. Gens est revenu !
Film d'ouverture de l'étrange festival. 25 minutes de retard sur le planning, film suivant loupé...
Après un Mocky victimaire comme pas possible sans réellement de justifications et un Xavier Gens qui se présente comme le chantre de lui-même et du cinéma indépendant en n'en faisant des tonnes malgré l'humour, le film pouvait commencer.
Qu'on se rassure (pour la minorité qui a apprécié Frontière(s)), Hitman était un piège dans lequel un Xavier qui voulait percer était tombé.
On retrouvera donc presque tout ce que l'on aime (ou déteste, pour la majorité) chez lui. Je précise que moi, j'aime.
Le début est laborieux, d'un ennui presque absolu, Gens étant incapable de diriger un seul de ses acteurs, Biehn compris (quel gâchis !), celui-ci étant insupportable. On comprendra au final que tout ceci n'est qu'une tentative de justification à ce qui suit, c'était sans doute trop couillu ou ça aurait peut-être fait trop vide de directement passer à la deuxième partie du film.
C'est là que le piège se renferme. Si le film reste poursuivi tout du long par nombre de défauts, on retrouve la patte généreuse, parfois poseur, souvent sans réellement de justification si ce n'est de divertir. Les acteurs commencent à jouer les défoncés d'une bien belle manière (très exagéré mais que j'ai trouvé particulièrement savoureuse) les scènes too much s'enchaînent à un rythme assez soutenu, le rythme étant d'ailleurs plutôt bien géré dans cette partie.
Mais enfin, une question arrive, Xavier Gens se serait-il assagit ? J'ai déjà ma petite idée sur la question. Nombre de scènes "too much" ne le seront réellement que dans l'esprit du spectateur, la caméra opérant ici et là des cuts drastiques vers de possibles effets gore, glauques et insupportable pour la plupart des spectateurs. Le réalisateur n'étant pas du genre à suggérer, le film étant classé -12 (sur le site du festival), ce qui est carrément énorme au vu du film (un -16 m'est apparu évident), y a t-il eu négociations afin d'ouvrir le film vers un public un peu plus diversifié que pour son premier film ? S'est t-il retenu dès le tournage ? Une version "uncut" me paraît plus que probable, si il en avait l'envie.
Reste des scènes (dans le glauque, toujours) plutôt léchés, des acteurs complètement transformés une fois que le film a vraiment commencé, une réalisation en dent de scie qui tient au final plutôt pas mal la route, des mécanismes amenant la tension archi vue mais efficace, une folie plus psychologique que graphique (comme attendu, putain !) assez drôle, bien tordue et appréciable et une fin qui ne surprends pas vraiment mais qui trouve sa justification dans des étapes clés bien choisis.
Le film est donc plutôt bon mais manque selon moi de scènes bien gore comme dans la première réalisation de Gens. Restera évidemment ensuite à apprendre la direction d'acteurs, la création d'une véritable tension, le recrutement de bons scénaristes ...
La vraie question qui restera pour moi, sera celle de savoir où se situe l'authenticité du réalisateur, entre le discours de départ qui aura fait mouiller trois slips dans le public et un résultat qui semble arraché de moitié de ce à quoi on aurait pu avoir le droit si tout cela était vraiment indépendant, et des studios, et de la pression du résultat en salle, vraie menace, sans doute, pour le futur de ce monsieur dans le cinéma français et international.