Contempler l'homme vide.

The Empty Man est un film plein de bonnes intentions. David Prior cherche à construire un récit atmosphérique lorgnant à la fois chez son mentor David Fincher du côté de la photographie (Prior est à la tête des making off de l'ami Fincher) et du côté d'Ari Aster lorsqu'il tente d'infuser du drame dans son récit horrifique. Le film démarre d'ailleurs assez bien et propose une introduction de 22 minutes avec des randonneurs au Bouthan (qui ressemble tout de même beaucoup aux Rocheuses dans le premier plan...) assez intéressante avant de bifurquer vers son enquête a priori déconnectée de la première partie.

Assez bien ouvragé et ne voulant pas trop en dévoiler même dans son dernier acte sur le monstre/démon ce qui est tout à fait louable, le film souffre d'un script quelque peu balourd aux entournures et pachydermique à la fin. Le spectateur un minimum attentif ou simplement éveillé ne pourra que se rendre compte de la symbolique très appuyée et du surlignage permanent que propose le métrage notamment dans l'enchaînement des séquences. Ainsi il faudra à Prior trois séquences d'affilée assorties de symbolique aussi subtile qu'un type bourré en fin de soirée (le lycée Jacques Derrida...) pour expliquer un propos sur le langage qui conditionne le réel pourtant très clair dès l'introduction.

Les acteurs sont à l'avenant. Si James Badge Dale n'a jamais dépassé le statut de second couteau dans sa carrière ce n'est pas pour rien et il faudrait un jour que les studios se rendent compte que faire jouer des adolescentes par des mannequins de 25 ans n'est pas des plus crédibles.

Si certaines séquences horrifiques bien ficelées sauvent quelque peu le métrage du naufrage complet et rendent le visionnage pas trop désagréable il faudra tout de même tenir les 2h17 du récit pour arriver au bout de l'enquête et supporter le montage épileptique de la dernière séquence.