La misère est moins pénible au soleil (?)

Un sujet grave, vu à hauteur d'enfant. C'est principalement par le regard et l'existence de trois enfants (Moonee, 6 ans, au caractère bien trempé et toujours prête à faire les pires bêtises avec ses acolytes, Jancey et Scooty) que la vie du Magic Motel est dépeinte.

C'est bien là toute la force du film de Sean Baker. Tout est grave, mais rien ne l'est, car le cinéaste réussit avec justesse à suivre cette étonnante bande d'enfants, recruté après un casting sauvage. Chacun de ces jeunes acteurs (Brooklyn Prince, Valeria Cotto et Christopher Rivera) participent à son premier film et leur présence est épatante. Seul point de repère pour ses bambins, le personnage du gérant de motel, figure du père bienveillant qui veille au grain (Willem Dafoe, toujours parfait).

The Florida Project est une chronique sociale qui évite les écueils du misérabilisme et du pathos. Le regard des enfants offre une naïveté à la dureté des choses et des situations auxquels ils sont confrontés avec leurs parents (à l'instar de Moonee et de sa jeune mère, Halley (Bria Vinaite), prête à utiliser des moyens plus ou moins légaux pour payer le moins en retard possible son loyer…
Surtout, ce qui donne son caractère singulier à The Florida Project est ce contraste permanent entre la poésie qui s'en dégage et le drame qui s'en suit, ces décors aux couleurs chatoyantes et la pauvreté qui s'y installe dans l'indifférence la plus totale.

Aussi bouleversant qu'attachant, drôle qu'émouvant, The Florida Project est la surprise indé US de cette fin d'année à ne pas rater.