Unplugged
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Ce film quasi documentaire dépasse le couplet habituel misérabiliste sur les laissés-pour-compte du rêve américain de l'ère Obama-Trump. Ce n'est pas une fois de plus l'envers sinistre du décor qui est lourdement montré mais un terrain de jeu où la vie déborde grâce aux enfants. L'énergie vitale personnifiée par une petite peste de 6 ans porte vers l'optimisme et l'insouciance, bien que la critique sociale soit sous-jacente. Il y a bien un retour inévitable de la réalité (que l'on devine d'ailleurs dès le début), sous la forme du traumatisme imposé par l'irruption des services sociaux chez la maman. Mais pour avoir observé à peu près cette histoire somme toute banale chez une voisine qui ressemblait d'ailleurs à la mère de la gamine et s'habillait tout comme elle, pour avoir vu ses quatre enfants confisqués par la DASS avec pleurs de la mère et des enfants (car la venue des services sociaux est un traumatisme) je me dis qu'à tout prendre, pour des enfants il vaut mieux jouer sous le soleil de Floride autour des hôtels pastels que courir dans les couloirs d' une cité grise de la banlieue parisienne avec toute la misère qui va avec.
Les premières images montrent Moonee occupée à cracher méthodiquement sur une voiture, épaulée par ses deux copains. Elle ne fera ensuite qu'enchaîner les conneries . Enfant rebelle, avec le sens de la répartie, pleine d'humour et de ressources, le motel et ses habitants sont vus en partie au travers de ses yeux de gamine.
Le personnage du gérant de l'hôtel arrive à lui tout seul à maintenir un équilibre précaire dans ce milieu de chomeurs et il est sollicité sans cesse.Il sait se montrer compréhensif devant les frasques de la fille et ferme devant celles de la mère.
Vient ensuite l'autre personnage principal : la mère de Moonee. Au chomage, vivant de combines, elle se promène devant le Magic Castle, le motel mauve, en mini-short. C'est une actrice recrutée via les réseaux sociaux, Bria Vinaite qui joue avec beaucoup de naturel la mère de Moonee. Jouant en permanence sur deux tableaux, femme-enfant dingue de sa fille et faignasse magouilleuse, irritante dans sa rage contre la société et touchante dans son amour pour sa fille, par son interprétation il y a matière à deux Vinaite...
La fin assez inattendue est somme toute cohérente avec le reste du film : c'est la volonté commune aux enfants (et à Sean Baker) de faire triompher la fiction sur la réalité avec comme seule stratégie la fuite en avant et comme seul futur occuper le devant de la scène avec les fées, les princes et les princesses et faire des tours de piste sans fin pour décoller vers le ciel et les étoiles.
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Créée
le 5 janv. 2018
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