En 2021, sortie du troisième confinement et après la vision de plus de trois cent films en deux ans, j'ai pris mon désespoir en main pour regarder "The Fountain"; Il ne me hantera plus, c'est fini. Pour vous dire, j'ai quand même regardé "La reine des neiges II", ou "Les mignons" ce mois-ci...
C'est l'habitude de Darren Aronofsky de privilégier, pour notre plus grand plaisir, la forme sur le fond, qui n'en demeure pas moins remarquable: le trait des très grands réalisateurs. Mais cette fois, la balance est vraiment déréglée (bien davantage que dans "Pi" pour vous dire). Là ou "Mother" nous emporte dans une magnifique spirale avec ces évènements qui transcendent le récit, ici on nage plutôt à contre-courant tout au long du film. Ce choix narratif à la sauce "Tree of life" puissance deux, nous donne l'impression de remonter à en perdre haleine une horloge grippée, alors que l'on a déjà une montre à son poigné. Ne vous laissez pas berner par sa durée théorique de 1H36 et prévoyez de bons coussins sur votre canapé. Bref, les intentions sont grossières et appuyées avec une encre de chine diluée dans l'hyper espace temps.
Je peine à vous parler du reste.... La réalisation est non pas remarquable, mais largement au dessus de la moyenne. Les acteurs sont correct aussi, si l'on s'en tient à ce que l'on a bien voulu leur faire jouer: du romantisme bien cadré (à se demander parfois si c'est bien Darren qui dirige?). A ce sujet, j'affirme que ce genre de cinéma prend davantage son aise dans un format du type manga par exemple; bien plus adapté pour faire de longs plans fixes à répétition ou nous faire changer d'environnement sans jouer de transitions vues et revues.
Il faut tout de même que je porte un jugement sur la partie "terrestre" du récit:
un cancer en phase terminal ne ressemble en rien à ce que l'on observe dans ce film, malheureusement. Mais on peut facilement comprendre qu'une forme de romantisme est délibérément présente au profit de l'atmosphère.
Si vous cherchez l'esthétisme avant tout et soupoudré de métaphysique, enrobé dans une fable qui se voudrait réaliste, vous serez servi. Pour les autres, dites vous que personnes ne vous oblige à regarder ce film. A moins que vous ne soyez comme moi, avide de culture pour chercher à comprendre la nature humaine dans toute sa complexité: c'est le meilleur moyen pour ne pas passer à coté de bonnes surprises ("Every day", "trois jours et une vie", "La dernière vie de Simon", "Seul les bêtes", "Le dernier jour de ma vie",...)
PS: je mets une note de "quatre" qui reflète surtout mon peu d'intérêt pour ce film, mais c'est une œuvre plus qu'honorable pour les adeptes de Ricard (pas la boisson), mais bien trop étirée en longueur.