On ne va pas se mentir, je l'avoue, la première fois que j'ai vu ce film il m'avait beaucoup touché. Petite précision quand je l'ai vu je devais avoir 15 ou 16 ans, bref j'étais adolescent. Après l'avoir revu et m'être demandé comment j'ai pu un jour aimé un truc aussi ridicule, je me dit, après réflexion que mon âge avait du jouer. C'est que le public cible de Darren Aronofsky ne peut -ne doit- être que des adolescent qui vont trouver ça trop profond mais on leur pardonne c'était probablement après leurs premiers cours de philosophie au lycée, ils étaient naïf et impressionnables (Je n'oserais bien sûr jamais dire ça pour me trouver des excuses). Après on grandit, on gagne en maturité et on se rend compte de la puérilité de la plupart de ces films. Surtout que The Fountain est un grand cru d'Aronofosky, c'est le niveau de Mother, on touche à un niveau de sublime dans la bêtise et le ridicule, on en pleurerait de rire parfois.


Certes, on va commencer par reconnaître une chose à ce bon vieux Darren, quand il a une idée il la pousse jusqu'au bout pour le meilleur comme pour le pire, enfin surtout pour le pire.


Déjà rien qu'au niveau des points purement techniques le film pose problème.
Au niveau de la musique avec Clint Mansell, on a droit à un seul thème pour tout le film. Thème pas si insupportable que cela en soi, mais qui à force de passer en boucle ad nauseam, histoire de bien forcer sur un effet tire larme, devient bien vite lourdingue.
Au niveau de la photographie globale du film, on peut également s'arrêter sur les filtres jaunes dégueulasses digne des pires fonds d'écran Windows qui annoncent la couleur dès le début du film et persistent jusqu'à sa fin et tant pis pour nos pauvres yeux.


Au niveau du jeu des acteurs on est pas déçu du voyage.
Le jeu de Hugh Jackman oscille entre monolithique et surjeu total en fonction des scènes. Je dois quand même avouer que les moments où il se met à surjouer sont les moments où le film devient souvent proprement hilarant donc quelque part ces moment sont presque des points positifs à ajouter au film.
Rachel Weisz, quand à elle, est le meilleur atout du film. Atout physique bien sûr, pour ce qui est de son jeu d'actrice il faudra repasser aussi... Je nuancerais cependant ce que j'ai dit précédemment avec Hugh Jackman, car je pense que dans ce film on ne peut pas vraiment blâmer les acteurs si leurs personnages sont ridicules, je pense que cela vient davantage de l'écriture des personnages et donc de ce très cher Darren Aronofsky.


Je vais m'attarder maintenant sur l'histoire principale car il y a beaucoup à dire.
C'est l'histoire d'un médecin qui voit sa femme mourir d'un cancer qui cherche à l'en empêcher. Il veut vaincre la mort. C'est tout. En fait, en disant cela j'ai à peu près résumé toute l'histoire principale du film dans ces moindres détails. Une histoire pauvre, pompeuse et très convenue.


Alors effectivement on a deux autres histoire parallèles pour appuyer le propos de l'amour éternel plus fort que la mort (thématique pompeuse à souhait, avec déjà de base un fort potentiel de niaiserie). On a un peu l'impression que ces histoires secondaires servent de remplissage dans un film pêchant par la pauvreté de son univers, ou par l'inconsistance des personnages qu'il développe. D'ailleurs la première heure est interminable étant donné qu'au sein de ces trois histoires il ne cesse de se répéter, cependant la dernière demi-heure, elle, est hilarante de par sa connerie mais j'y reviendrais.


De plus je crois sincèrement que si le film réussit à faire un peu plus de 1h30 c'est aussi à cause d'un nombre bien trop grand pour être tolérable de ralentis nanardesque et de scènes se répétant jusqu'à annihiler la moindre trace de subtilités quelconque. Sans compter le symbolisme de certaines scènes qui sont parfois d'une lourdeur pachydermique, tant il ne fait que surligner des choses déjà évidentes. Par exemple par la manière que peut avoir Aronofsky de mettre en scène un lieu menant vers une lumière très forte afin de symboliser un tunnel de lumière et donc la mort imminente de Rachel Weisz. Ou encore ce jeu avec l'alliance beaucoup trop appuyé par la mise en scène et l'écriture de certaines scènes comme un lien beaucoup trop peu subtil entre lui et sa femme au travers des histoires.


Je vais aussi développer sur les histoires secondaires parce qu'il y a quand même pas mal à dire dessus aussi.


La première histoire secondaire se passe dans la tête de Hugh Jackman, dans une sorte de pseudo futur minimaliste. Un futur dans l'espace impliquant Hugh Jackman, l'arbre mort et une constellation découverte par les Mayas à atteindre. Le tout étant une métaphore de l'amour qu'il porte à sa femme mourante, sa seule source d’énergie qui la nourrit et pour laquelle il se consacre tel une sorte de moine. Métaphore si littérale et si peu développé qu'elle en devient ridicule dès qu'on la comprend.


La seconde histoire se passe dans le livre que sa femme a commencé et que le personnage principal doit terminer. Ce dernier s'y retrouve en conquistador devant trouver l'arbre de la vie rendant immortel.
Cette histoire est, certes, un peu plus consistante que les autres histoires du film mais alors elle est totalement tiré par les cheveux, écrite sans aucune forme de logique quelconque. Un exemple pour ne citer que celui-ci, le fait que le seul indice pour partir à la recherche de cet arbre de la vie dans une expédition relativement périlleuse et coûteuse tout de même c'est une intuition devant les trois trous d'une dague... En fait je crois que même le postulat de base de Prometheus est moins con, c'est dire.
C'est cependant cette histoire qui sur la fin en devient la plus hilarante par sa niaiserie. Je crois que la scène qu'on peut appeler la scène d'ébahissement devant un arbre à foutre (si tu as vu le film je pense que tu dois avoir une petite idée de la scène dont je parle) est une scène de nanar absolument collector et sans conteste la meilleure scène du film, la plus drôle en tout cas.


In fine je ne vais pas m'attarder davantage sur ce film, j'ai déjà perdu trop de temps pour la médiocrité, la puérilité et la pauvreté de ce qu'il avait à me dire. Peut-être qu'Aronofsky est resté dans sa tête un adolescent emo, mais moi j'ai grandi, et désormais, les failles béantes de son cinéma me sautent aux yeux.

Noe_G
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le 24 oct. 2017

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Noe_G

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