The Garden of Words
7.1
The Garden of Words

Moyen-métrage d'animation de Makoto Shinkai (2013)

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Lorsqu’on dit que les choses simples sont souvent les meilleures, cela n’a jamais été aussi vrai qu’avec ce film, simplicité qu’on retrouve d’ailleurs dans ce format atypique de 45 minutes et qui nous fait comprendre qu’on va aller directement à l’essentiel, sans chichis. Personnellement, je n’ai pas de problème avec les formats plus courts, c’est du moins ce que j’en avais conclu après le visionnage de Love, Death+Robots qui a réussi à me bouleverser avec certains épisodes d’une dizaine de minutes. En ce qui concerne ce film, je trouve qu’il n’y a pas de scène superflue, malgré le début excessivement lent (ce qui correspond aux 10 premières minutes environ) mais qui, avec le recul, me parait nécessaire pour mieux s’en prendre plein la tronche par la suite.


Première des choses, c’est putain de beau, le design, les couleurs, tout flatte l’œil et les sens, les musiques sont discrètes mais bien choisies et j’ai complètement plongé dans cet univers.
Le scénario paraît basique, simple (peut-être simpliste pour certains) mais le récit est rondement mené, le film a été pensé pour une immersion totale. Du coup, pas de sous-intrigue parasite, on se concentre sur ces 2 personnages que tout oppose mais que le destin va rapprocher.
L’originalité provient de la nature même de leur relation qui se construit autour d’un événement anodin, la pluie, qui deviendra ensuite prétexte à de nouvelles retrouvailles. Les moments où ils se retrouvent tous les 2 semblent hors du temps, comme si le monde qui continue de tourner autour d’eux n’a plus aucune importance.


J’ai trouvé leur relation très belle, pure, toute en bienveillance.
On ne sait finalement pas grand-chose des 2 protagonistes, le but étant de faire passer des messages plus par des émotions que par des mots. Yukino est sans doute le personnage le plus sensible des 2, sa rencontre avec Takao arrive à un moment charnière de sa vie et lui apporte la lumière dont elle avait besoin pour se reconstruire. Pour autant, Takao n’est pas en reste et apparaît tellement mature pour un garçon de 15 ans, c’est à la fois déroutant et rafraîchissant.
Comme tout le film tourne autour de cette relation, les quelques personnages secondaires n’apportent que peu de choses au récit, juste de le contextualiser.


L’aspect psychologique est particulièrement mis en avant, ce qui fait que pour apprécier pleinement cette œuvre, il est indispensable de pouvoir s’identifier aux personnages et de s’y attacher, sinon on en ressort totalement indifférent. C’est très contemplatif et tout le monde n’y sera pas sensible, il faut en avoir conscience avant de le visionner.
Globalement je trouve que tout sonne juste, il n’y a pas d’effusions inutiles, on reste dans la sobriété. La souffrance de Yukino est bien retranscrite, elle se reconstruit grâce à Takao certes, mais malgré cela elle reste encore fragile et à fleur de peau, expliquant LA réaction que certains estiment exagérée, moi pas, je l’ai trouvé juste vu sa situation. J’aurais probablement eu la même à sa place.


La fin est à la fois triste et pleine d’espoir lorsqu’on prend le temps de décrypter tous les messages subliminaux disséminés tout le long du récit.


La fin était particulièrement poignante, notamment à partir du moment où Takao est face à la réalité de la situation et qu’il comprend qu’une histoire d’amour est impossible dans ces conditions, on ressent vraiment toute sa détresse et son impuissance.
MAIS grâce à la scène post crédit, on se rend compte que Takao continue à fabriquer les chaussures pour Yukino et compte aller la voir, ce qui signifie que soit il sait où elle est, soit il a l’intention de la chercher.
De plus, selon les mots de Takao au début du film, Yukino le voit probablement encore comme un enfant et donc il attend de « savoir marcher » avant d’aller la voir, autrement dit d’être plus mature. Cela laisse penser qu’une relation amoureuse serait possible dans le futur, une fois qu’il serait devenu adulte, comme une relation débutée trop tôt et laissée en suspens.
Oui, je suis une éternelle optimiste et j’ai envie de penser qu’ils vivront une belle histoire d’amour une fois toutes les conditions réunies.


J’ai vraiment passé un bon moment devant ce film, j’en suis ressortie avec le sourire aux lèvres et quelques larmes versées. L’œuvre se suffit à elle-même, mais je ne peux pas m’empêcher de penser qu’une suite à cette histoire ne serait pas superflue, d’autant plus qu’avec les bases déjà posées il y aurait moyen de faire quelque chose de très beau.


Bref, après la demi-déception de Your Name, j’avais voulu creuser davantage dans la filmographie de Makoto Shinkai car le potentiel était là. Bien m’en a pris car The Garden of Words m’a mis une gifle aller-retour et je ne vais clairement pas m’arrêter là.

_Leen_
9
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le 23 févr. 2020

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_Leen_

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