Quand la famille Thompson emménage dans la petite ville de Bensonville, ce n'est clairement pas de gaité de coeur. Dane, 17 ans, montre vite de signes de lassitude que sa condition d'adolescent exacerbe. Nathan, 10 ans, essaie de s'adapter à cet énième déménagement dicté par l'emploi de leur mère.
Mais quand Dane et Nathan découvrent, dans les ténèbres de leur cave, une trappe solidement verrouillée, leur intérêt est piqué au vif. Sous la trappe, le néant. Un trou qui, après plusieurs expériences, s'avère sans fond. Bientôt rejoints par Julie, la voisine du même âge que Dane, ils vont s'apercevoir que cet espace sans fin recèle leurs plus grandes peurs enfouies au plus profond de leur âme.

Neuf années se sont passées depuis le dernier film de l'iconoclaste Joe Dante. Depuis son "Les Looney Toons passent à l'action", bide commercial considérable mais symptomatique du pathos Dante : le côté dark et non-assumé de Hollywood. Six années, pour être plus exact, car The Hole était bouclé dès 2009, mais fut très vite rangé dans le placard "oubli" des producteurs : que faire de cette oeuvre pop-corn à l'ancienne ? Le film sort donc en Direct-To-Video, sans faire de bruit. Le réalisateur de Gremlins 1 & 2, L'Aventure Intérieure, Matinee, Piranhas, Hurlements ou du méconnu The Burbs est aujourd'hui vendu comme un gros nanar avec Statham. Triste, mais est-ce injuste ?

Le scénario est d'un classique total, un récit initiatique en soit très banal et surtout pas très clair. Ces enfants ont tous leur jardin secret, d'où peut surgir le Mal. Qu'il prenne la forme d'une petite fille pompé sur la Sadako de The ring, d'une poupée-clown (au secours faut être malade pour offrir ce genre de jouet à un gamin !) ou... Ne spoilons pas trop. Ces enfants se voient donc confrontés à leur peur, mais dans quel but ? Le scénario ne fait que les confronter, mais se révèle maladroit voir carrément nul (dans le sens primaire du mot) quand il faudrait aborder une phase métaphysique qui aurait du donner du relief à l'aventure un peu molassone de ces trois ados/enfants. Pourtant, il y avait de la matière pour faire, pour construire. Un petit aspect Voyage de Chihiro dans cette situation des enfants constamment balancés de ville en ville par la vie professionnelle de leur mère, on sent le sujet qui peut aller à ravir au réalisateur... Et ça tombe comme un soufflé. Un bel exemple de complication des choses par simplification du récit, le paradoxe qui rend fou.

Plusieurs raisons à cet échec : le scénario trop mou (mais pas ennuyeux) en est une, les personnages caricaturaux en diable en est une autre. On sent que Dante a voulu essayer de toucher un large public. Et cette volonté, pour un cinéaste comme Dante, est destructrice. A-t-il eu le choix, quand on voit le budget serré (douze milions de dollars), on peut en douter. Le cinéaste se serait-il assagi après avoir pris dans la tronche les tempêtes de Hollywood pendant 25 ans d'une carrière aussi belle que reniée par l'entertainment ? Possible, il faudra attendre un ou deux films pour tirer des conclusions. En tout cas le fait est là : on est bien loin du personnage acide de Tom Hanks dans The Burbs, ou des explosions de cynisme de Gremlins 2. On peut aussi parler de la qualité de l'interprétation, qui vogue entre le passable et le purement honteux. Mention à cette courde nommée Chris Massoglia, le personnage principal du film, dont les expressions n'ont rien à envier à celles de Steven Seagle.

On peut donc être déçu par le manque de gnac et de rythme de l'ensemble. Pourtant, on est quand même face à un vrai talent de la réalisation qui, on peut en être sûr, n'a pas perdu son amour pour le cinéma d'exploitation. Et si onsent quand même une certaine nostalgie, les séquences poupées-clown se rappellent au bon souvenir de Gremlins, on assiste aussi à quelques prises de risque visuelles bien agréable, comme cette séquence mémorable où le film part dans un expressionnisme. N'en disons pas trop, mais rien que pour cette scène le film vaut d'être vu. Cette scène, et les jeux de mots (voulus ou pas) autour du mot "hole", ou "trou" en français.

Au final, si le film n'ennuie pas vraiment, il reste largement anecdotique dans la filmo d'un réalisateur qui manque cruellement au décors du cinéma américain. Espérons que le prochain sortira vite et qu'on y retrouvera ce qui fait de Joe Dante un cinéaste aussi intéressant que sous-évalué.
Bavaria
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le 2 déc. 2012

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