Si The Host trouve ses racines dans l'histoire contemporaine de son propre pays, il n'en possède pas moins une puissance politique universelle, inégalée dans le cinéma Coréen de la nouvelle vague ; chez Bong Joon-Ho, le burlesque ne laisse jamais la moindre matière à la vacuité.
Les lectures sont multiples, mais c'est surtout le renversement qui semble prendre le film à la gorge : celui du parfait salaud se prétendant salvateur in fine, et inversement, celui d'un héros prétendu lâche et fainéant, mais qui se révèle un incroyable combattant.
Victimes collatérales d'un système fou et inconscient, le Leviathan baveux cherchant de la nourriture, et le personnage principal cherchant sa fille, voici les deux vecteurs parallèles de cette odyssée, soit, l'état face à la famille nucléaire.
Trouver un refuge, rattraper ceux qu'on aime, se défendre seul et attaquer s'il le faut, c'est la quête désespérée des faibles face aux puissants tenant les ficelles;
Le plus audacieux dans la mise en scène (déjà à l'oeuvre dans Mémories of murder) est sans aucun doute cette faculté d'injecter par moment du pur burlesque, là où d'autres collent à l'ambiance générale du film sans vouloir en dévier. Le geste de Joon-Ho tient en cela à peu près du miracle : proposer une comédie satirique déguisée derrière un simple film d'horreur. C'est fou, ambitieux, et prodigieux
A.A