En 2009, The House of the Devil joint ses efforts à la tentative d'inverser la roue de l'Histoire du cinéma d'Horreur. La contribution de Ti West est raffinée, zélée mais bien vaine ; un exercice de style figé, des plus rigoristes et aussi des plus minimalistes (avec un fake « based on a true story » inaugural, très mal formulé). C'est apparemment le genre de ce cinéaste, auteur du court le plus laconique et aberrant pour la collection des ABCs of Death (film à sketches sorti en 2013).
La manœuvre abouti ; voilà effectivement un film de genre comme il en était conçus dans les années 1970, redonnant de l'éclat à des gimmicks de l'époque (avec un générique en musique évoquant les Gobelins -compositeurs pour Argento notamment-, des tics du temps de Halloween), se cantonnant aux techniques alors employées. Les rares anachronismes ne seront visibles que pour les plus attentifs ; de toutes façons, l'attention est portée sur l'esprit et surtout la configuration. La qualité est au rendez-vous : du vintage précieux, imitant à merveille une innocence de genre, avec le sens de l'épure en plus, poussé à son maximum (évacuant tout aspect subversif au passage).
La narration est dépouillée, peu de motivations ou de complexités viennent se mettre en travers du chemin. Le regard se pose sur des aspects quotidiens, ordinaires, avec beaucoup de déconnexions sensorielles (par exemple, la longue séquence de danse au casque). Le spectateur est bercé avec précision ; outre le risque de l'endormir, il y a celui de le décevoir à cause du manque d'ambition du scénario, ne préparant que le minimum de révélations et presque aucune surprise. Tout le long du film une pression se fait sentir et le spectateur n'est jamais autorisé à savoir d'où vient la menace, tout en ayant malgré lui les lunettes des potentiels agresseurs.
La tension ou à défaut l'intérêt vient de l'asymétrie de sensations entre le spectateur et l’héroïne – pas d'informations, ou secondairement (l'amie tuée, quasiment le seul événement objectif). Sur presque toute la durée, il s'agit d'attendre ; le surgissement de l'horreur est réservé pour la fin. Un aperçu très corsé est alors posé, mais expéditif ; on ne passera pas la frontière, on fera seulement face. Beau matériau donc, mais sauf dans sa vocation décorative (comprenant Mary Woronov, probablement recrutée pour ses traits rappelant Jessica Harper), il est plutôt éteint.
https://zogarok.wordpress.com/2015/06/17/the-house-of-the-devil/