Une expérience de cinéma extrême, qui repousse les limites de l'horreur au point d'en représenter l'inimaginable. Premier tronçon d'une trilogie délirante The Human Centipede ( First Sequence ) est un film de genre hors-normes, d'une violence froide et redoutable, tellement dérangeant que son visionnage rend le spectateur physiquement incapable de nuire à son prochain au sortir du générique final.
Tom Six part d'un concept totalement grotesque, à la matière scénaristique plus ou moins indigente, l'usant jusqu'à la corde pour mieux rendre compte du caractère obsessionnel du fameux chirurgien joué par le terrifiant Dieter Laser. Plus encore que les suggestions scatologiques et le graphisme écoeurrant des quelques scènes gores de ce premier long métrage c'est surtout l'application monomaniaque du personnage qui provoque un malaise énorme, particulièrement désarçonnant : dans ce musée des horreurs vide, d'une blancheur glaciale, clinique et aculturel les fantômes de nazisme et de l'eugénisme viennent se loger insidieusement, jusqu'à donner un sérieux mal de coeur.
Film déviant, d'un abominable premier degré rendant la projection encore plus choquante et déstabilisante The Human Centipede ( First Sequence ) reprend toutefois la forme classique du scénario en trois actes. Ainsi la première demi-heure s'inscrit d'emblée dans le genre, reprenant tous les codes du cinéma d'horreur pour mieux les parodier. Ensuite Tom Six expose lourdement mais efficacement le maigre objectif narratif de son film au travers du personnage du chirurgien dans un deuxième acte proche du torture porn. Enfin la troisième partie s'apparente à un thriller faisant écho aux éléments et aux stéréotypes des premières minutes. Tom Six livre un film terrible, au rythme relativement lent, prenant le temps d'installer une atmosphère tout en jouant sur l'absurdité ahurissante de son concept.
Sans tapages The Human Centipede distille sa charge vomitive avec réussite, au gré d'une réalisation tout à fait propre et plus que correcte. Mention spéciale à l'acteur Dieter Laser, paroxysme de perversités et d'abominations en tous genres, incarnant certainement l'un des plus grands tordus de l'Histoire du Cinéma. A voir pour qui en aura la capacité.
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