J'ai regardé The Impossible pour étudier le cinéma du réalisateur espagnol Juan Antonio García Bayona. Loin de là l'idée de lui coller une simple étiquette de muchacho en mentionnant ses origines, j'y fais surtout allusion car je reviendrai tout particulièrement sur le style du cinéma espagnol. Un style qui ne cesse de m'intriguer à mesure que je dévore des court-métrages et long-métrages horrifiques et dramatiques espagnols. Oh ça ne s'arrête pas là puisque la raison principale pour laquelle j'explore le cinéma du Monsieur c'est parce que les studios Universal l'ont chargé de diriger le prochain opus de la saga Jurassic Park, intitulé Jurassic World: Fallen Kingdom; je mène donc ma petite enquête. Et alors?


The Impossible est en effet une très belle œuvre cinématographique, un film catastrophe qui fait nettement la différence par rapport à ses copains outre-atlantiques. Et c'est depuis La Route et Je suis une légende que je n'avais pas été aussi bien immergé dans une histoire apocalyptique/post-apo de cette époque. Toute la dimension psychologique joue un rôle crucial dans ces œuvres et la souffrance qui est admirablement retranscrite à l'écran, en vient même à se demander si ce n'est pas pire d'être un Survivant... Ouh que c'est passionnant le survival, j'en avais déjà un peu parlé par ici: https://www.senscritique.com/film/Jungle/critique/144198210


Ce long-métrage est d'autant plus, immersif, juste, respirant l'honnêteté et l'authenticité, puisqu'il relate l'histoire d'une famille ayant réellement survécu au tsunami meurtrier de 2004, ce dernier heurtant les littoraux très touristiques de l'Asie du Sud. Qui plus est, la mère de famille survivante, originaire d'Espagne n'a pas manqué d'apporter son aide précieuse à Naomi Watts, après l'avoir soigneusement sélectionné. En fait c'est à la limite d'être une étude sociologique, ce qui été réalisé au préalable et ça se sent véritablement. On passe de la ravissante actrice blonde à la mère de famille subissant de multiples traumatismes, la transformation est plus que bluffante. Le jeu d'acteur de Naomi Watts, Ewan McGregor et Tom Holland sont impressionnants. Cette admirable coopération ne s'arrête pas là, l'équipe du film est également composée de scénariste, directeurs de la photographie et des effets numériques, d'acteurs et de cascadeurs extrêmement talentueux, dont certains avaient déjà travaillé ensemble sur L'Orphelinat.


Le résultat y est; des effets numériques couplés à des effets spéciaux hydrauliques sublimes, ajoutant sa part de crédibilité et d'authenticité à une histoire intense à souhait! Et pour en témoigner, j'ai commencé le visionnage à peine intéressé, en finissant de regarder l'intriguant et surprenant teaser trailer making-off de Jurassic World, mais rapidement l'histoire devient hypnotique et passionnante. Autour de moi tout s'obscurcit, je suis tout ouïe... L’œuvre est une véritable rupture d'anévrisme, la pression monte, elle monte, elle monte... Et au bout de moment, tout explose... Ah c'est le pied!


Tiens et pendant que j'y suis avec la médecine et les pathologies, les scènes morbides avec Naomi Watts sont vraiment efficaces, sans être dans le gore déplacé façon Piranha 3D - pourquoi diable je cite cette œuvre ici - sans être forcément censurées non plus. Elles correspondent parfaitement au ton général de l’œuvre; choquant, poignant et enivrant. Oui, les scènes sont rudes, brutes et tellement réalistes; j'en fait référence à ces blessures, ces accidents et ces vagues qui deviennent de véritables monstres marins, plus que de simples courants d'eau...


L'émotion tout comme le suspense y sont présents - et déjà je l'avais quelque peu remarqué dans Quelques minutes après minuit que j'ai trouvé médiocre (https://www.senscritique.com/film/Quelques_minutes_apres_minuit/critique/143973500). Bayona aime libérer cette véritable dose de tension puis laisser un peu mijoter le spectateur. C'est franchement bien. Toutefois, à noter que cette tension est fonctionnelle dans la première partie du film mais que très peu à la fin. En effet, les limites sont perçues dans la scénario. L'histoire s’essouffle au 3/4 de l’œuvre et déjà la tension créée depuis le début se revoie à la baisse dès qu'on passe à la partie avec le père de famille.


Pour finir avec la réalisation; j'ai trouvé ça très intéressant cette manière de dévoiler l'action depuis l'intérieur (d'un hôtel, d'un hôpital généralement) vers l'extérieur, souvent via des vues aériennes; ceci permet de révéler astucieusement l'ampleur du drame. Ces traveling avant rapides ajoutent également beaucoup de force à la catastrophe et donnent une idée révélatrice de la puissance d'un tsunami. J'en viens même à apprécier ces petits moments de found-footage et ces mouvements incessants de caméra en plan serré donnant parfois l'aspect d'un documentaire; c'est plutôt bien intégré.


Très bon moment. MAIS, et ce sans forcément crier au Whitewashing, pourquoi ne pas avoir cherché des acteurs espagnols puisque la famille, source d'inspiration du film, est espagnole? D'autant plus que dès le début de l'histoire, je ne voyais pas du tout une famille partir en vacances, j'y voyais en réalité deux acteurs très connus sur le point de faire de l'humanitaire. Heureusement, et ça se sent au fur et à mesure du visionnage, les acteurs sont extrêmement talentueux. Mais pourquoi ne pas avoir permis à de nouveaux potentiels talents de se révéler? Plus encore, pourquoi ne pas avoir traité l'histoire de quelques locaux survivants ou morts dans l'indifférence la plus totale?


Puis je sentais un malaise à voir tous ces figurants orientaux autour des protagonistes, figurants qui avaient pour rôle d'éprouver de la compassion pour nos pauvres idoles occidentales. Et sans forcément tomber dans le piège du débat de la juste représentation des populations dans le cinéma, au début du film, très naturellement je pensais qu'on allait également s'attarder sur des locaux. Des locaux qui ont pu perdre de la famille, des maisons et tout ce qu'ils avaient construit dans leur vie. Mais bon c'est une partie de l'histoire comme une autre et elle est forte intéressante...


Un point de plus pour Bayona, qui se rattrape après ses Orphelinat et Quelques minutes après minuit, que j'avais guère aimé. Jusque-là, ces scènes rudes et poignantes je les avais surtout vus avec des productions horrifiques espagnoles. Mais quand je vois que cela peut se retranscrire sur un film catastrophe, mmmhh... Je me dis que ça peut aussi bien se retranscrire dans un Jurassic Park... Mais bon, les bases construites sont tellement mauvaises (celles de Jurassic World, premier du nom), les enjeux sont différents, les stratégies et décisions des grands studios hollywoodiens le sont aussi également, alors wait and see...

Jordan_Michael
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le 7 déc. 2017

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