Alexandre Courtès fait partie de ces clippeurs français dont les œuvres sont restées durablement dans l'inconscient collectif. Ainsi, on se souvient encore de la tempête de sable emportant une mère dans Le vent nous portera (pour Noir Désir, 2001) ; du O géant de Vertigo (pour U2, 2004) ; et surtout du défilé de Meg et Jack White dans Seven Nation Army (2003). En 2012, le réalisateur est lié à deux projets de longs-métrages. Tout d'abord Les infidèles, où il signe la série des Infidèles anonymes ; puis The Incident qu'il tourne en anglais et finissant en direct to video chez nous. Ce qui a malheureusement contribué à son oubli au fil du temps, malgré sa petite réputation. D'autant plus que Courtès n'a réalisé que des clips, des publicités et des épisodes de séries télévisées depuis.
The Incident commence doucement, présentant son protagoniste principal dans un quotidien se résumant à l'enregistrement d'un album, des concerts, le travail dans un asile psychiatrique en tant que cuistot et sa petite-amie à la maison (Anna Skellern). Bien que le film regroupe plusieurs personnages autour de Rupert Evans (le fameux agent Myers d'Hellboy), c'est bel et bien le point de vue de ce dernier qui prédomine. Courtès va mettre à mal le héros, l'amenant dans un premier temps à s'énerver dans un élément hostile (les fous peuvent agresser des agents ou des codétenus à tout moment suite à une mauvaise réaction), avant l'élément perturbateur (la tempête entraînant une coupure de courant).
C'est là que l'on voit qu'on est face à un script de S Craig Zahler. Bien que le réalisateur a coupé certains passages pour éviter de trop aller vers le torture porn, Zahler amène le héros vers une situation qui dégénère dans une violence frontale. Ici, les fous tuent avec des barres de fer plantées dans le bide, bouffent un nez avant de faire cramer leur victime sur le grill ou utilise un tazer dans l'œil. L'interdiction aux moins de 16 ans peut paraître forte car le film ne montre pas que de la violence, mais Courtès y va à fond quand il le faut.
D'autant qu'il joue sur la perte de repères avec le manque de lumières et un univers carcéral labyrinthique. Le scénario ose même le faux happy-end, enfonçant encore plus le héros dans une spirale infernale. La perception du héros n'en devient que plus trouble et le spectateur aura plaisir à revoir le film pour mieux appréhender certaines choses.