La Mort a ses raisons que les cadavres ignorent

The Jane Doe Identity est un bol frais dans le genre devenu très banal qu'est l'horreur.

En effet, il est ici question d'un duo, un père et son fils tous deux médecins légistes, parti pris déjà doublement original en soi, qui reçoit le cadavre d'une jeune femme. L'identité de cette dernière est inconnue. Mais c'est lors de son autopsie que les choses s'enclenchent et dérapent. De jumpscare en jumscare, le film fait monter la tension sans pour autant tomber dans l'abus.

Le scénario est magistralement mené : on pourrait très vite tourner en rond dans ce huit-clos père/fils et pourtant, aucun moment ne se ressemble. La tension est parfaitement homogène, sait quand redescendre et sait quand remonter. Le tout dans une ambiance qui se veut relativement malsaine, angoissante. Du moins au départ. Car la fin quant à elle, est une déception à la manière d'un pétard mouillé. Dans la dernière demie heure, le film tombe dans la facilité et fini par nous servir les scènes réchauffées classiques du genre de l'horreur : les apparitions, les choses pas belles que l'on montre encore et encore etc. D'où la note de 6, qui aurait pu être un 8, sans cette direction finale.

Mais The Jane Doe Identity est clairement un des meilleurs films du genre, et outre l'horreur et l'angoisse, porte en lui des thèmes et questions intéressants : qu'en est-il de la place symbolique de la Mort dans nos institutions parfaitement réglées jusqu'au langage employé comme rappelé au début de l'autopsie ? Lorsque le Fils s'interroge sur le "pourquoi" de la mort de cette jeune femme, le Père lui répond que seul compte le "comment". Ce corps n'est donc plus qu'un objet de la science, découpé, ouvert, lacéré. Sa Mort y a été rationalisée. Mais comment rationaliser une chose qui nous dépasse ? Et surtout, en a t-on le droit ? Certainement pas pour Jane Doe, laquelle n'hésite pas à le rappeler de son air suffisant sur ce brancard mortuaire.