Poitrine hantée

Vu en vost.

Ce qui est curieux avec The Jane Doe Identity, c'est cette dissonance entre le film lui-même et sa campagne marketing. Si cette dernière est tout à fait semblable au matraquage publicitaire habituel avec moult bandes-annonces, slogans tape à l’œil ("Voyez-le, mais pas tout seul") et spots audios qui tentent de vendre le produit à la radio entre deux annonces publicitaires pour Leclerc et Grimbergen, le film, lui, se montre surprenamment simple et intimiste, bien loin de la débauche de moyens et d'effet spéciaux attendue:
Des acteurs qui se comptent sur les doigts d'une main, dont seulement deux principaux, un huis clos se déroulant (quasi)entièrement dans un couloir et une poignée de pièce et un pitch de départ certes original mais basique, sans complications outrancières: un cadavre à autopsier.

En effet, The Jane Doe Identity nous propose de suivre la nuit mouvementée d'un médecin légiste et de son fils chargés par le chérif local (le sympathique Lord Bolton de Game of Thrones) d'examiner en urgence le cadavre d'une jeune femme. Si au départ tout annonce une autopsie "ordinaire", très vite de curieux événements et incidents vont se produire dans la morgue familiale...

Le casting:

Si Jane Doe se démarque des autres films d'horreur c'est bien au niveau de son casting, particulièrement réussi. Clairement, la présence de Brian Cox en médecin légiste fatigué à qui on ne la fait pas est un sacré atout, tout comme celle de Emile Hirsch ("le gars d'Into the Wild"): leur protestation est grandiose et l'alchimie entre-eux fonctionne à merveille, ce qui change agréablement des minets et midinettes interchangeables et des inévitables clichés qui en découlent.

La réalisation:

Loin du déluge d'effets numériques et de jump scare à outrance, Jane Doe se veut au contraire plus inquiétant que le train fantôme de base et arrive à créer une ambiance lourde et inquiétante, tout en étant doté de quelques passages biens malsains.
La mise en scène est réussie avec quelques plans originaux et bien trouvés, tout comme l'ambiance sonore qui fait le café et même plus! Par moment le film m'a tellement immergé dans l'action que je n'en menais pas large, et pourtant je suis un adepte de films d'horreurs et autre joyeuseté du style! Aaah, ça change de Ouija... Que c'est bon, bon sang! Que c'est bon de voir un film faire des efforts!

Regrets:

Malheureusement, tout n'est pas rose au pays des scalpels et des cadavres tout nus et Jane Doe pêche sur deux points importants: son histoire et sa fin.

Car oui, je n'ai pas pu m'empêcher d'être déçu quand nos deux larrons découvrent les raisons de ces phénomènes: "c'est tout?? C'est juste ça?"
Sans rien vous gâcher, le film se sert d'une ficelle propre à certains films du genre mais ici la sauce ne prend pas: la révélation est trop plate, trop classique. Et après un tel travail pour instaurer un climat efficace et une ambiance prenante, franchement ça la fout mal!

Terminons sur la fin (logique). Personnellement je l'ai trouvé précipitée et là aussi classique, sans grande surprise. Elle n'est pas ratée, loin de là mais juste trop... conventionnelle. Sans souhaiter plus d'explications (l'excès n'est pas bon non plus, n'est-ce-pas mon petit Before I Wake?), quelques scènes de plus voire un meilleur dénouement à cette folle nuit auraient pas été de trop. Cela reste subjectif cependant, comme cette critique d'ailleurs: c'est juste que j'ai l'impression que The Jane Doe Identity aurait pu être encore plus que ce qu'il est, à savoir un bon film d'horreur. Ce qui n'est pas si mal que ça après tout.