D’abord c’est une déception: parce que le film arrive avec ses sabots en comparant bêtement la guerre en Afrique à une histoire d’amour, et ça a du mal à passer.
Le même film sans cette annonce maladroite en ouverture aurait peut être plu davantage, mais quand l’entrée en matière est catastrophique, difficile de remonter la pente.
Il y a catastrophe et catastrophe, le problème c’est qu’ici la comparaison touche un sujet ultra sensible et même avec la meilleure volonté du monde on a du mal à pardonner cette erreur de Sean Penn.
Pourtant, suivre la petite histoire d’un couple au milieu d’une grande histoire de guerres africaines, ça n’est pas en soit un problème.
Après tout, les personnes qui assurent des missions humanitaires restent des êtres qui vivent leur vie en même temps que leur engagement.
Même chose quand on reproche au film de survoler les enjeux politique: les humanitaires ne sont pas forcément les mieux placés pour avoir une vue d’ensemble, ils ne connaissent que les endroits et les lieux qu’ils traversent.
Là on pourrait objecter que cette excuse ne tient pas pour Charlize Theron dont le personnage occupe une place importante chez Médecins du Monde, il aurait sans doute mieux vallu suivre des personnes plus lambda.
Le problème, c’est qu’au delà d’une maladresse initiale, le film se cherche presque tout le long, ne proposant qu’une succession d’images à la limite du stroboscopique.
On a mal au crâne, on ne connaît pas les personnages, on ne saisi pas bien les unités de temps, on aimerait bien se poser un peu.
Le parti pris de filmer caméra à l’épaule et de flouter systématiquement une partie du décor n’arrangepas les choses.
On est en plein brouillard pendant une bonne partie du métrage, et ça n’aide pas à l’apprécier.
L’histoire est mal ficelée: on ne s’attache jamais vraiment aux héros, ni à ceux qu’ils rencontrent, et c’est un poil gênant de n’avoir rien à quoi se raccrocher.
Reste que le film n’est pas totalement inutile: déjà parce qu’il permet de se souvenir de ce qui se passe pas si loin de chez nous, parce qu’il met en lumière le travail des humanitaires, sans doute un peu maladroitement, mais quelque part il a le mérite d’en montrer un peu, et parce que certaines scènes sorties du brouillard arrivent à nous toucher, un peu par hasard.
Par moments, la musique et les images concordent parfaitement et on se dit que si tout avait été du même calibre, sans les erreurs initiales, alors on aurait pu avoir un résultat totalement touchant.
Au final on a un truc bâtard, qui nous parle mal d’une histoire d’amour et qui nous parle mal de la guerre, qui fait passer la petite histoire de deux personnes sur le devant de l’écran semblant oublier le drame dans lequel elle prend corps.
Au fond on se doute bien que les intentions de Sean Penn étaient meilleures que le résultat, mais les maladresses se succèdent tellement qu’on a du mal à passer outre.