En 2013 sortait un jeu vidéo qui a fait beaucoup parlé de lui. Un jeu qui utilisait un champignon appelé Cordyceps qui généralement infecte les insectes et modifie leur comportement, mais qui l'utilisait contre les humains qui se transformait en sorte de zombies fongiques. Ce jeu, The Last of Us, a eu un succès qui a dépassé le cadre vidéoludique, à tel point que le cinéma vient à son tour s'approprier son idée plus qu'originale et qui avait révolutionné le genre du zombie. Démontrant ainsi que le cinéma n'est plus le média qui avait le monopole de la créativité et de l'audace, faisant même du jeu vidéo une plateforme qui recevait enfin la reconnaissance qui lui est dû et qui gagnait en maturité. On en est même arrivé à un point où le cinéma vient s'accaparer les idées du jeu vidéo, et ce The Girl with All the Gifts ne se donne même pas la peine de venir masquer ses principales influences.


Le film, dans sa construction, son rythme et ses visuels, lorgne très clairement vers deux œuvres pré-existantes, le 28 Days Later de Danny Boyle et bien évidemment le The Last of Us précédemment cité. On reconnait l'influence de Boyle dans la manière très punk et énergique que Colm McCarthy a d'emballer son film. Il y a un style britannique très identifiable dans la manière d'amener le récit, mais aussi les scènes d'actions qui rappelle vraiment ce qu'on avait vu avec le long métrage de Boyle. Et c'est un des défauts de la mise en scène de McCarthy. Car même si il s'impose comme un bon technicien, il n'apporte aucun regard sur son film et le met en scène de manière très détaché et clinique. En dehors d'une scène d'intro qui brille par son aspect brute, aidé par un cadre intriguant et une partition sonore irréprochable, le film favorise l'efficacité avec des scènes courtes et des cuts fréquents plutôt qu'il ne joue sur une atmosphère qui aurait rendu le tout mémorable. Et c'est ce qui nous amène à son influence issue de The Last of Us. Dans le cadre de cette nature qui a repris ses droits, dévoilée dans la deuxième partie du récit, on retrouve l'influence du jeu vidéo mais jamais le film ne prend le temps de s'attarder sur ses personnages ou son décor, ce qui nous rend totalement hermétique à l'émotion qu'il tente de dégager.


Et ce n'est pas non plus aidé par une écriture particulièrement peu subtile notamment dans son accumulation de dialogues par moments risibles. Dès qu'il se sert maladroitement d'un récit de la mythologie grecque pour appuyer son propos au début du film, on sait comment tout cela va se terminer et qu'elle sera la morale de l'ensemble. Les personnages ne dévient rarement de leur aspect unidimensionnel et on reste face à un récit que l'on se contentera simplement de suivre de péripéties en péripéties. Après il y a quelques réflexions intéressantes autour de la condition de la fille, un dialogue pertinent s'engage entre elle et la médecin qui veut l'utiliser comme antidote à l'infection et la conclusion se montre aussi d'une ironie pas inintéressante. Mais ça reste des éléments relativement anodins au final, surtout que l'intrigue est divisé en 3 parties très distincts qui apporte chacune des choses intéressantes mais qui sont abandonnées une fois passée à une autre partie. Le film voulant accumulé trop de pistes, qu'il ne se donne pas la peine de les approfondir. Mais après on arrive quand même à suivre l'ensemble sans être irrité par ses maladresses grâce à un bon casting. Gemma Arterton joue la partition de la femme au grand cœur de manière convaincante, Paddy Considine est bien même si son rôle reste très caricatural et Sennia Nanua s'impose comme une jeune actrice pleine de promesses. Même si elle n'est pas encore à l'aise sur les aspects les plus émotionnels de son rôle, elle s'en sort avec les honneurs. C'est Glenn Close toujours aussi impérial qui volera la vedette ici, avec un personnage plus subtil et nuancé que les autres, qu'elle incarne à merveille.


The Girl with All the Gifts est un divertissement honnête, à condition de ne pas en attendre grand chose. Car il est loin d'être à la hauteur de ses influences et c'est une de ses grandes faiblesses. Celle de ne pas renier ses aînés mais d'être incapable d'avoir un regard fort sur son sujet qui lui permettrait d'au moins se hisser à leur niveau. Colm McCarthy n'est pas un mauvais réalisateur mais il s'impose comme un artisan sans génie, un bon faiseur qui ne se contente que d'efficacité même si il aurait pu prétendre à plus. Après le scénario souffre quand même de survoler ses réflexions plus que de les approfondir mais c'est plus la faute d'une ambition trop grande et surtout d'une subtilité par toujours présente. En soit ce n'est pas le plus dérangeant au sein d'un film qui ne cherche qu'à faire passer le temps en poussant un peu à réfléchir, en ça il fait le strict minimum et est appuyé par un casting qui fait convenablement le job.

Créée

le 28 juin 2017

Critique lue 602 fois

1 j'aime

Flaw 70

Écrit par

Critique lue 602 fois

1

D'autres avis sur The Last Girl - Celle qui a tous les dons

The Last Girl - Celle qui a tous les dons
Majuj
7

The last 28 days of the dead later

On ne connait pas grand chose de Melanie. Une gamine noire d'environ 10 ans, vivant dans une base militaire. Chaque jour, des soldats l'emmène dans une classe, attachée à son fauteuil, pour qu'une...

le 25 sept. 2016

19 j'aime

5

Du même critique

Glass
Frédéric_Perrinot
6

Une bête fragile

Alors en plein renaissance artistique, M. Night Shyamalan avait surpris son monde en 2017 lorsque sort Split et nous laisse la surprise de découvrir lors d'une scène en début du générique de fin...

le 22 janv. 2019

66 j'aime

6

Ça
Frédéric_Perrinot
7

Stand by me

It est probablement un des plus gros succès et une des œuvres les plus connues de Stephen King, et il est presque étrange d’avoir attendu aussi longtemps avant d’avoir eu une vraie adaptation...

le 22 sept. 2017

63 j'aime

1

A Cure for Life
Frédéric_Perrinot
8

BioShock (Spoilers)

Après une décennie à avoir baigné dans les blockbusters de studio, Gore Verbinski tente de se ressourcer avec son dernier film, faisant même de cela la base de son A Cure for Wellness. On ne peut...

le 17 févr. 2017

59 j'aime

3