(ultra) Light my fire
Il se passe clairement quelque chose dans le cinéma de genre américain, et après une série de réussites réjouissantes (It Follows, Hérédité, The Witch), on est nombreux à attendre de voir se...
le 18 déc. 2019
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La folie les guette et vous guette aussi
Effet surnaturel ou juste folie? Un nouveau film à ranger dans la catégorie « Mais qu’est ce que je viens de voir ? Etait-ce mauvais ou relevant du génie ? ». Des films dérangeants, j'en ai vu un bon paquet, sous toutes les formes possibles. Pas besoin de voir des scènes gores abominables quant on peu faire flipper grâce à une atmosphère pesante et des acteurs à fond dans leur rôle. Dernier en date m’ayant un peu traumatisé : « Midsommar » suivi de très prêt par « Hérédité ». Figurez-vous qu’on a trouvé un de leur frère et lui, il sera certes plus soft d’un point de vue horreur visuel (et encore…), hard d’un point de vue psychologique. Des films se passant dans un phare, il y en a une quinzaine et elles sont un peu plus optimistes que le film dont je vais vous parler. Contrairement à « Peter et Elliott le dragon », vous ne danserez pas, ne chanterez pas gaiement « Quelle belle et chaude journée » en récurant les vitres.
The Lighthouse ne vous ménagera pas, commencera sa narration gentiment, vous manipulant à coup de scènes contemplatives avant de vous conduire au moment où vous ne vous y attendrez pas droit vers les portes de la folie où dialogues et scènes perdront tout leur sens. Incompréhension, hallucinations et malaise vous tiendront par la main.
Vers la fin du 19ème siècle, au large de la Nouvelle-Angleterre, vous rejoignez Wake, gardien de phare et Winslow, rookie dans le métier venant tous deux relever l'équipe précédente sur un ilot TRES éloigné des terres. Quatre semaines à supporter la très haute autorité de Wake, quatre semaines à jouer les larbins, quatre semaines où vous allez apprendre qu'on ne tue pas de mouette, ça porte la poisse, qu’on a interdiction d'accéder à la lampe du phare (cachant sans aucun doute possible un secret que votre boss ne veut surtout pas que vous découvriez), et qu’on ne critique JAMAIS ô grand JAMAIS la cuisine de son boss. Et comme c'est déjà assez compliqué de jouer les larbins avec ce dernier atteint de bipolarité, crado aux problèmes de flatulences et d'une autorité le rendant détestable, vous avez plutôt intérêt à filer droit.
Coupé du monde, sans télé, sans portable, sans internet (bon c’était pas l’époque donc pas de problème de ce coté), sans bouquin autre que le manuel de gardien de phare, vos seules compagnes: la bibine et cette petite figurine de sirène cachée dans l'ancien matelas de lit de votre prédécesseur. Pas de femme rien que vous et votre patron en tête à tête. Au pire, vous avez toujours votre main droite et votre imagination.
L’immersion commence dès ouverture de l’histoire. A mi chemin entre du Kubrick et du Hitchcock, The Lighthouse exerce une sorte de pouvoir hypnotique dont il sera difficile de s’en libérer. Le lieu original de son intrigue, son format 4/3 en noir et blanc le rendant vieillot, son ambiance silence/poisseuse/énigmatique/angoissante. Au fil de l’histoire, tout va se mélanger, passant de l'œuvre horrifique à comique, puis du drame au thriller.
Dans quoi a-t-on mit les pieds? Doit-on continuer à suivre ce film malgré ces petits passages pas très catholiques ? Quoiqu’il en soit, quoiqu’il puisse se passer, The Lighthouse continue de nous hypnotiser. Il fascine, en devient même amusant de suivre Pattinson faire tous les petits boulots que lui donne son supérieur. La photographie soignée, truffée de plans contemplatifs rend digne hommage au métier de gardien de phare, Robert Pattinson étonne une nouvelle fois par la diversité des rôles qu’il est dorénavant capable de jouer et Willem Dafoe, égal à lui-même, effraie avec ses monologues et ne donne qu’une envie : le fuir en prenant une barque et affronter la mer quitte à y sombrer. Ca sera toujours mieux que de faire ses basses besognes, supporter ses pets et sautes d’humeur.
Dans ce film, nous savons qu'il va s’y passer des trucs bizarres finissant par devenir hard. La question est de savoir quand ça partira en cacahuètes et pour quelle(s) raison(s)? Mon petit doigt me dit que la solitude est la première cause. Face aux intempéries, à la mer capable de se déchainer à tout moment, à l’isolement, à l’eau pourrie, aux problèmes d’humidité pouvant avoir raison de vos rations, Wake et Winslow ne seront pas les seuls à commencer à perdre leurs repères et la boule. VOUS allez subir un peu le même sort. Rien qu’avec le son de cette horrible corne de brume du phare dans lequel vous séjournez. Absolument TOUT joue contre nous. On a bien compris qu’à cette époque, les conditions de vie de ce job étaient insoutenables. Mieux valait choisir bucheron comme métier. Combien de temps est-ce que le film dure déjà ?...
Tu fais semblant d'être mystérieux avec tes silences, mais y a pas de
mystère, t'es un livre ouvert.
Au final, je ne sais pas si je dois dire si je l’ai aimé ou détesté, si j’ai été fasciné ou rebuté, ou les deux. Je répondrais « il ne laisse pas indifférent ». Soyez sûr que The lighthouse divisera. Certains apprécieront la première heure et détesteront les trois derniers quart d'heure alors que d'autres non. Néanmoins, cette œuvre à la mise en scène maitrisée est une expérience à vivre, intéressante dans sa manière de parler du métier de gardien de phare et la dureté d'en faire son job. Un nouveau film sur la folie, une folie qu'on ne peut pas toujours comprendre ni expliquer, un sujet flippant car nous concernant tous. Ce petit film indépendant la joue mystérieux, sa fin s’ouvrira à de multiples interprétations, si vous tenez jusqu’au bout vous serez libre de faire votre propre interprétation du film. Je vous laisse je dois aller prendre mon Lexomil…
Créée
le 23 févr. 2020
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