Dans un futur pas si lointain, toute personne célibataire est amenée à séjourner dans un hôtel où elle dispose de 45 jours pour trouver un/une partenaire. Passé ce délai, elle sera transformée en l’animal de son choix. Nous suivons quant à nous l’histoire de l’un de ces pensionnaires solitaires, David, qui semble avoir un faible pour le homard. Voilà le pitch du nouvel ovni d’Yórgos Lánthimos, en ouverture du dernier F.I.F.I.B., et avouez qu’il donne plutôt envie.
Après cette mise en bouche, venons-en au fait : The Lobster est un régal cuisiné à l’absurde. Le cinéaste grec propose ici une fable à la fois drôle et cruelle, poétique et politique. Sa mise en scène n’est pas sans nous rappeler par moments celle, douce-amère, de Wes Anderson. Sauf qu’ici, on sombre très vite dans la cruauté, la cruauté d’un monde où il est interdit d’exister seul. Un monde où les hommes ne sont plus que des matricules avant de perdre toute humanité. Lánthimos délivre une parabole sur une société qui n’est pas si éloignée de la nôtre, où le célibat est une angoisse, presque une faute (Meetic es-tu là ?). Il donne à voir une métaphore de l’amour, du mariage, de la communauté ; en d’autres termes de la Vie.
Les personnages, tous plus intrigants les uns que les autres, sont portés par une délicieuse pléiade d’acteurs, que ce soit en première ligne (Colin Farrell et Rachel Weisz forment un duo tout à fait attachant) ou en deuxième ligne. Ils composent un carnaval d’animaux surprenant, accompagné d’une musique de circonstance et de plans en slow motion pour les moins improbables - mais foutûment bien faits. Le tout ponctué de quelques scènes particulièrement douloureuses (vous ne verrez plus jamais votre grille-pain de la même manière).
[Attention spoilers] P.S. : Indigestion à la fin – qui précisément laisse sur sa faim. Bon appétit donc !