Après la Nouvelle-Angleterre, c’est dans l’entre-deux-guerres européenne que nous retrouvons Wes Anderson pour une nouvelle aventure ; celle de Gustave H, un concierge pas comme les autres, et de son jeune lobby boy Zero. Tous deux se retrouvent (malgré eux) embarqués dans une affaire de vol de tableau. Sur fond de guerre d’héritage loufoque, The Grand Budapest Hotel esquisse le portrait d’une Europe au bord de l’effondrement à travers le prisme de l’exubérance et de l’extravagance.
Le dernier-né d’Anderson est à l’image de son titre, grand, très grand même ; tout d’abord par sa mise en scène, on ne peut plus millimétrée, tout comme le jeu de ses acteurs (mention spéciale à Ralph Fiennes, parfait en dandy maniéré). Avec sa devanture de casting haut de gamme, on aurait pu s’attendre à un film tape-à-l’œil, « bankable », sans grande consistance. Il n’en est rien. Le film mérite autant d’étoiles que son affiche. The Grand Budapest Hotel est un régal pour les yeux, une suite de plans aussi appétissants les uns que les autres. La superposition des récits, technique narrative simple mais efficace, permet de déployer un jeu de correspondances à la fois subtil et burlesque. Anderson joue avec ses spectateurs tout comme il joue avec ses personnages, aussi délurés les uns que les autres. Beaucoup de kitsch certes, mais bien dosé. Entre odyssée ubuesque et cruauté humaine, The Grand Budapest Hotel évoque avec légèreté une réalité qui l’est beaucoup moins. Accompagné de son lot de références picturales et cinématographiques, ce film gigogne prouve (pour ceux qui en doutaient encore) qu’Anderson fait partie des Grands.
À réserver de toute urgence.