La quête obsessionnelle d'un explorateur à la poursuite de sa destinée

Un film d'aventures mise en scène par James Gray, ne se déroulant pas à New-York, avec Charlie Hunnam et Robert Pattinson dans les premiers rôles, c'est assez surprenant. Après le décevant The Immigrant, le réalisateur sort de sa zone de confort et nous offre un film magnifique, dont on pourra tout de même déplorer une absence de souffle épique et d'émotions.


Percy Fawcett (Charlie Hunman) est un colonel en manque de reconnaissance. Il reste dans l'ombre de ses pairs, arborant tous une décoration sur leurs uniformes. Son nom a été sali par son père et a fait de lui un paria. La Société Royale Géographique d'Angleterre va lui proposer de partir en Amazonie afin de cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie. Il ne peut refuser cette opportunité, pouvant lui permettre de s'élever socialement et de voir son nom passer à la postérité. Il délaisse sa femme enceinte Nina (Sienna Miller) et leurs fils Jack (Tom Mulheron), pour assouvir son rêve de gloire.


Un homme et ses contradictions. Percy Fawcett souffre dans l'ombre de son père déchu. Son orgueil le pousse à accepter cette mission pour prendre la lumière. Il veut faire la une des journaux, que son nom se fasse entendre dans la plupart des conversations et de se retrouver à la table des grands d'Angleterre. Cette irrépressible soif de reconnaissance, prend le dessus sur sa famille. Il ne va pas voir son fils grandir et manquer la naissance du second. Sa femme ne veut pas l'empêcher d'assouvir son rêve et va le soutenir dans ce choix. Le périple s'annonce difficile, mais ce n'est pas là que réside le vrai danger.


La splendeur esthétique du film est envoûtante. Elle est dû à la sublime photographie de Darius Khondji et à la réalisation de James Gray. Cela nous positionne dans un certain confort pour suivre les aventures de l'explorateur Percy Fawcett. C'est surement là que le bât blesse. La forêt amazonienne est magnifique, mais ne respire pas le danger. On ne ressent pas la difficulté de se mouvoir dans cette terre inexplorée. Cela ne transpire pas la peur et la sueur. L'opéra baroque en pleine jungle est décontenancente, elle donne l'impression de sortir tout droit du Fitzcarraldo de Werner Herzog. La folie reste douce et se dilue dans la quête de cet homme. C'est son rêve et il n'appartient qu'à lui de trouver cette mystérieuse cité, à laquelle Il a déjà donné un nom : Z. Cette obsession ne le quitte plus, il veut apporter la preuve de son existence et prouver que ceux qui sont désignés comme des sauvages, sont leurs égaux. Ses idées sont progressistes. Il croit en l'égalité homme et femme, mais refuse à cette dernière de l'accompagner dans sa quête. Il affronte le congrès en mettant à mal leurs convictions, mais n'accepte pas que la sienne soit bousculée. Il est le seul maître de ses pensées et de sa destinée.


Pour son premier grand rôle dramatique au cinéma, Charlie Hunnam est bluffant. Son charme et sa désinvolture m'ont fait penser à Robert Redford. J'avais eu la même réaction devant Brad Pitt dans Et au milieu coule une rivière. Il y a comme un héritage entre ces trois hommes et ce n'est pas étonnant que le rôle fût d'abord proposé à Brad Pitt. On le retrouve d'ailleurs à la production. Robert Pattinson est méconnaissable derrière sa barbe, Cela le rend moins lisse et le seul à pouvoir rivaliser avec son partenaire dans la jungle. Car à la ville, c'est Sienna Miller qui lui tient tête. Le film s'appuie principalement sur ses trois acteurs, avant de mettre un peu de piment avec Angus Macfadyen. Au cœur d'une telle épopée, il est regrettable de ne pas avoir plus de personnages imposants, mais cela reste avant tout l'histoire vraie d'un seul homme.


James Gray est plus à son aise lors des scènes d'intérieurs, lui permettant de mieux exprimer les sentiments de ses personnages. Dans la jungle, il semble perdu comme son explorateur, mais va tout de même nous gratifier de belles scènes oniriques et finir en beauté une oeuvre à vivre sur grand écran.

easy2fly
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le 17 mars 2017

Critique lue 429 fois

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Laurent Doe

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