Ni divertissant ni enthousiasmant. Manque l’élan, la nécessité, la fraîcheur, la vie. Gray rêve d'un territoire qui n'est pas le sien.

On pourrait comparer ce sixième film de James Gray (après vingt ans dans la profession) à certains films de fin de carrière de n’importe quel cinéaste reconnu et apprécié pour ses premiers films et installé depuis dans un système, le sien, ou celui des studios, ou d’un autre, indépendant, underground… Car vient toujours un moment où on finit par se demander si un cinéaste se répète à l’infini et reproduit à envie les mêmes procédés par confort, facilité, paresse ou habitude. Tout ça pour contenter son public, son boss, sa femme, les critiques ou lui-même, bref, tous ceux qui attendent de lui que film après film, il reproduise le miracle de la création, et pour que rien ne compromette sa position au sommet de la pyramide où il se sait en sursis comme les autres. Produire ou cesser d’exister.

Quand on a affaire à un Woody Allen ou à Frank Capra par exemple, aptes plus que d’autres à relancer la machine au fil des siècles avec leurs propres idées ou avec celles des autres, quand on a affaire à une certaine forme de génie qui en impose, on peut encore à l’occasion des nombreuses productions retrouver le souffle perdu d’autrefois, convaincre en faisant même jusqu’à oublier les succès premiers. Mais quand on est indépendant, qu’on produit finalement assez peu et s’interdit ainsi de rebondir rapidement après un échec, ou simplement quand on ne possède pas le talent que l’on croyait avoir démontré dans ses premiers films, on peut craindre petit à petit que ce qui était perçu autrefois comme des atouts deviennent des faiblesses, et que user des mêmes procédés qui ont fait un jour notre succès finisse par ne plus suffire, et qu’arrivés au bout d’une demi-douzaine de films, ou de quelques décennies de carrière, on en vienne à ne plus prêcher que les convaincus, à surfer sur une réputation et un crédit gagné bien plus tôt.

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le 10 nov. 2023

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