Aventure intérieure

Film vu en séance de rattrapage, 6 mois après sa sortie.
Vendu comme un film "d’aventure", le dernier film de James Gray s'apparente plus à un voyage intérieur dans la tête de Percy Fawcett, un explorateur du début du 20ème siècle. Il faut dire que cette histoire vraie offre à Gray toutes les thématiques qui font sa filmo ; la quête de reconnaissance des siens, le poids de l'héritage familial, et une idée qui devient fixation. Ici cette fixation (la quête d'une cité légendaire) vire à la folie mode Apocalypse Now. C'est souvent passionnant quand on voit à quel point cet explorateur a donné sa vie (privée et familiale) dans sa quête obsessionnel. Il a su lutter contre les institutions, notamment l'Eglise, à une époque où les Indiens étaient jugés comme sous-hommes. Il affronte donc les croyances de l'époque. Mais on voit aussi tous ses paradoxes quand finalement il plonge dans une autre croyance, celle de l’existence de cette cité, jusqu'à sacrifier sa vie familiale. C'est d'ailleurs ce qui a de plus beau dans cette histoire ; l'amour inconditionnel de Fawcett et sa femme, elle qui l'a toujours aidé et soutenu malgré son absence quasi continue.
Techniquement c'est bluffant : tourné au 35mm au cœur de la jungle colombienne (une galère logistique dingue) avec Darius Khondji aux commandes, les images sont souvent éclairés à la bougie, au flambeau... Mais ce procédé n'est pas dénué de défauts, des soucis d'aberrations de lentilles, de point, de piqué... se font ressentir. Rien de grave en soit mais cela montre à quel point le tournage a été un défi.