En deux films visionnés de James Gray, j’ai retenu deux choses du bonhomme : un talent pour la photographie et une faiblesse quand il s’agit de rythmer ces films.


Dans ce The Lost City of Z, adapté d’un roman, on retrouve parfaitement le talent de mis en image de J. Gray. Durant tout le film, ce qui m’a frappé, c’est la qualité époustouflante des images. Les j**eux de lumières accompagnés de plans formidables**, les couleurs dans cette Amazonie hostile et dangereuse, la fatigue des personnages. L’aspect presque édulcoré de la recherche de la Cité Z contre les décors ternes de l’Angleterre, comme pour mieux exacerbée la lassitude du personnage de revenir là où sont les siens.
Cette photographie était déjà bien identifiable dans Two Lovers par exemple. Mais sur ce film qui est à la fois un roman d’aventure, un drame conjugal et un biopic, James Gray semble profité un maximum des possibilités de son film pour permettre à son talent de s’exprimer.


Porté par un Charlie Hunnam tout simplement excellent, jouant parfaitement ce père aventurier fasciné par sa possible découverte. Sienna Miller continue d’aimer ce rôle de femme aimante de héros absent, comme dans American Sniper. Le plus surprenant finalement est Robert Pattinson qui se glisse parfaitement dans ce rôle d’aventurier un peu dépressif et antipathique. Enfin, Tom Holland est aussi très convaincant, même si ce dernier n’apparaît que dans le dernier tiers du film, il apporte sa jeunesse et sa fougue pour lancé ce tiers plein de réussite.


Un film qui se déroule, pourrait-on dire, en trois temps. Une première partie qui fait bonne part à la découverte. Une seconde qui se place au cœur de l’existence de Fawcett, sa volonté d’y retourner, son échec, sa déchéance durant la guerre. Et enfin, son ultime défi, tant une réussite qu’un échec.
Les trois axes du film de James Gray sont d’ailleurs tous solidement tenus. L’aventure est rudement bien filmée, le drame est rudement bien mis en scène et est porté par un duo très convaincant. L’évolution des relations entre Nina et Percival évolue avec beaucoup de naturelle et donne à l’histoire une profondeur inavouée.
Une profondeur qui se caractérise aussi par la doublette Henry / Percival aux caractères à la fois si antagoniste et si complémentaire. Ce duo qui, sans y paraître, va aller au bout du monde pour une cité, qui, depuis toujours, est introuvable. Ce goût de l’aventure des deux personnages est d’ailleurs très bien transmis par le film, nous n’avons qu’une envie, qu’ils y retournent, encore et encore pour enfin découvrir leur but, leur raison de vivre et de mourir.
Enfin, la relation père / fils, absente pendant de long moment, se concentre finalement sur la « capture » de Percival et jack dans une brillante scène mêlant spiritualité et amour.


Cela fait longtemps que le cinéma n’avait pas proposé de film d’Aventure de cette qualité. Un film mettant autant de volonté à donner du souffle à l’aventure qu’à travailler sur les personnages et leurs relations.
Le film redonne ce « souffle aventurier » qu’on trouvait dans Indiana Jones (toute proportion gardée) ou plus récemment dans Pirates des Caraïbes (toute proportion gardée).
Un souffle pour les grandes épopées de certains hommes, qu’elles soient réel ou non d’ailleurs. Ce souffle de l’aventure qui, de lui même, donne du rythme au film. Car même si l’action est finalement peu présente tout au long du film, celui-ci est très bien rythmé. Entre découverte, déception, amour, fragilité et espoir, The Lost City of Z tient en haleine tout du long. Par forcément parce que l’intrigue est bonne…surtout parce que le film a su insuffler ce souffle de l’aventure à l’histoire.
Mais, parce qu'il en faut un, malgré ce souffle de l’aventure, on reste par moment sur sa fin. Car J. Gray a du mal à donner un côté « épique » aux scènes centrales de son film. La confrontation de Fawcett avec l’ensemble des géographes, est certes bien filmée, mais il lui manque quelque chose pour qu’elle nous fasse vibrer. Tout comme les premières découvertes de preuves d’une possible civilisation, c’est bien amené mais on reste un peu sur notre faim.


The Lost City of Z est un très beau roman d’aventure qui se suit avec une réelle bienveillance tout du long. Porté par l’excellent C. Hunnam, l’aventure aussi ethnographique qu’héroïque de Percival Fawcett est riche de rebondissement et de questionnements. Des questionnements sur l’égalité humaine, qui ont, aujourd’hui, été mis au jour par de multiples ethnologues, mais qui sont traités avec beaucoup d’intelligence par le film, nous rapportant aux discours aussi raciste qu’ignorant (dans un sens non-péjoratif) du début du XXème siècle.


Un film qui se conclut de la plus belle des manières, qu’importe le résultat de leur expédition, Percival Fawcett et Jack Fawcett auront atteint leurs objectifs : découvrir, repousser les limites du monde connu et être enfin père & fils.

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le 20 juil. 2017

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Halifax

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