The Man from Nowhere par AntoineRA
The Man From Nowhere est un de ces films qui confirme, pour ceux qui en douteraient encore, la qualité incroyable du cinéma coréen. Quasiment aucune publicité pour ce thriller policier juste apparu à deux festivals par chez nous avant de rejoindre les rayons des magasins, alors qu'il mérite amplement d'être connu.
Les amateurs du genre ne l'auront certainement pas loupé toutefois. Et pour cause, ce second long-métrage de Jeong-beom Lee est un vrai régal. Pourtant, le départ est un peu mollasson, le temps d'introduire les différents personnages et les prémices de l'intrigue. Par la suite, le film ne cesse de captiver, tant émotionnellement que par le développement de son intrigue, la vigueur de ses scènes d'actions, ou bien son rythme explosif. Toutefois, bien qu'il débute sur des bases différentes de l'accoutumée, l'histoire va vite prendre la route du film de vengeance où un homme se dresse contre tous, avec quelques passages prévisibles.
Cet homme, c'est Cha Tae-sik, habilement interprété par l'acteur Bin Won. Tout d'abord présenté comme un jeune homme renfermé et solitaire, le personnage va vite nous convaincre de par la justesse du jeu de Won. Les gestes sûrs, les traits impassibles, tout en laissant les sentiments transparaître dans son regard perçant, Cha Tae-Sik est plein de mystères et captive par son évolution. Notons également que la belle gueule de l'acteur, avec des faux airs à Keanu Reeves sous certains angles, y joue une part. Son "adversaire", Ramrowan, joué par Thanayong Wongtrakul, offre également une prestation forte par ses attitudes faciales, même si peu présent au final. Kim Sae-ron, du haut de ses dix ans joue So-mi, jeune fille touchante qui n'est malheureusement pas gâtée par le destin. Le reste du casting se compose de malfrats et policiers qui viennent donner corps à cette histoire, avec des interprétations globalement correctes, bien qu'elles semblent parfois caricaturales.
En même temps, la majorité se font très vite expédier lors des excellentes séquences de confrontation avec notre héros qui maîtrise une bonne ribambelle d'arts martiaux et de techniques de combat. La réalisation propre aide à rendre ces scènes d'autant plus prenantes. Toujours bien cadrées, avec des gros plans minutieux sur les visages, et une dynamique communicative. Les plans sont généralement visuellement soignés et offrent des images qui claquent. La bande-son, intimiste mais aussi obnubilante sur son thème principal mémorable, aide énormément à sublimer ce long-métrage. Les compositions de Shim Hyun-jeong accompagnent à merveille les scènes du film et prennent souvent aux tripes, de leur caractère assez épique.
Et, la force du cinéma coréen, même en considérant un scénario similaire, est qu'il paraît bien moins aseptisé que les productions américaines qui ressentent toujours le besoin d'en faire des tonnes. On y trouve plus d'âme, peut-être de sincérité également, mais aussi des choix artistiques généralement libres au réalisateur, ce qui permet tout de suite de donner un ton singulier au film. Par ailleurs, les dialogues sont simples, authentiques - notre protagoniste lui-même ne parle que très peu - et le film prend le temps de montrer la palette d'émotion des personnages, ce qui ne peut qu'accroître l'empathie du spectateur.
The Man From Nowhere a clairement cette patte particulière qui hisse les réalisations coréennes au-dessus du lot, en dépit d'une intrigue somme toute classique. La maîtrise de Jeong-beom Lee, couplée aux jeux solides des principaux acteurs, en fait un long métrage alléchant mêlant adroitement sensibilité, intrigue policière, et scènes d'action implacables et sanglantes.
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