Ce Manson Family a pu se tailler un petit mythe grâce à sa conception étalée sur une quinzaine d’années. En 1988 James Van Bebber lance la production du film, dont le tournage sera retardé, faute de soutiens financiers et alors que son premier long, Deadbeat at Dawn, se vend plus mal que prévu. Les dernières scènes sont tournées en 1993, Van Bebber tourne deux courts-métrage puis enfin, une filiale de Blue Underground s’intéresse au projet et lui apporte les moyens techniques qui permettent de le boucler. Manson Family sort enfin en 2003 et 2004, en vidéo sauf en Grande-Bretagne et écume les festival.


Quelle gestation longue et mouvementée pour un si petit produit ! Tapageur certes. Manson Family se construit comme un docu-fiction racontant après-coup la route vers les massacres de Manson et sa tribu. La narration, assez éclatée, introduit des extraits d’interviews, parfois sur des plateaux télé, des anciens membres de son groupe, souvent inscrits dans une démarche de repentance (qui n’est que montrée, pas investie – l’un est religieux, une autre cite à l’arrachée Dieu et la morale au milieu de ses explications).


Manson Family annonce la couleur rapidement avec son psychédélisme obscène. Assez prévisible, ce sera une escalade, depuis les gentils trips de hippies jusqu’à l’intifada. Après avoir flirté avec le mysticisme discount, les sbires de Manson s’engagent finalement vers la violence et la démence intégrale, avec en passant pour habiller d’un folklore, le délire satanique. La série B flower power vire au gore.


Somme toute, on reste dans les seventies, sur fond de "based on a true story". Manson Family n’est pas un produit résolument sensationnaliste, plutôt un essai radical et creux. Mais le résultat ressemble à une farce colorée et ce n’était probablement pas l’ambition de Jim Van Bebber. Et dans le fond son film ne nous atteint pas, tout au plus sa troupe et ses exploits nous dégoûtent, mais… en quoi consistait la démarche ? Il fallait que quelqu’un illustre ce sujet connu, Van Bebber l’a fait. De manière stylisée, flamboyante dans son registre (on peut dire aussi très beauf). Soit.


Par ailleurs, nous voyons ces gens tous possédés par leur gourou Charlie, pauvre junkie mystificateur ; il est curieux et dommageable que son cas ne soit pas traité frontalement. Charlie est presque absent, son temps de présence est même largement plus réduit que pour la quasi totalité des membres de son équipe. Oser un point de vue sur lui est impossible dans ces conditions et les témoignages des intervenants n’y changent rien, car les protagonistes évoquent toujours les événements, mais n’ont pas de recul sur l’emprise dont ils étaient victimes. Ils soulignent les événements sans apporter davantage ; on sort du film pas plus renseigné sur Charles Manson. Fondamentalement, le programme est juste opportuniste, ses auteurs au mieux ambivalents sur son sujet.


https://zogarok.wordpress.com/2016/02/17/the-manson-family/

Zogarok

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