Note : spoil sur le sens du film (celui que j'ai vu), p-e mieux à lire une fois le film vu


Le film est une sorte de film de Wes Anderson, en moins envoûtant et sans contemplation, mais ressemble pas mal dans le fond à The Darjeeling Limited par exemple


L'histoire, prétexte, n’est pas très épaisse. Le film et son sel se jouent plutôt dans les dialogues. L’écriture est bonne, l’interprétation générale de qualité (tout le monde joue très proprement). Le film offre un univers d'une certaine sincérité et beaucoup d'humour (j'ai pleuré de rire sur quelques scènes)


Même si ce n'est pas du Wes Anderson, le film a un certain coté bienveillant en exposant toute cette misère humaine. Il n'y a pas de cynisme dans le regard porté sur cette famille brisé par le poids du patriarcat, il y a beaucoup de sarcasme par contre, du sarcasme latent, et une vraie légèreté à dédramatiser son sujet pour en rire, en rire avant tout, mais sans s'en moquer.


Et c’est vraiment très bon, je suis très étonné par la note générale, j'accepte parfaitement mais je pense qu'il faut, pour aimer ce film un minimum :


-le regarder en VO. J'ai commencé en VF et elle est sympa mais je ne pense pas qu'elle permette de jauger l'intensité et l'humour de certaines scènes poignante et touchante.
Attention par contre, ça ne fait que parler, parler, parler, et très vite, du début à la fin. Il faut vraiment suivre pour capter toutes les références culturelles ou les intonation des émottions cachés derrière les mots, c’est brillant, mais dense.
C'est une famille de new-yorkais (born and raised), pas des doubleurs Français, et je pense que les intonation Française sortent du truc.


-comme dit c’est un film très très new yorkais dans sa mentalité, il représente cette ville, son snobisme, son énervement permanent, sa folie, le fait de vivre sous pression tout le temps pour rien et de ne rien pardonner, jamais. Ce film est une névrose New-yorkaise. C’est un film en partie punk aussi intrinsèquement du coup, et ça je pense que trop peu de monde le réalise (globalement Sanders est assez punk dans tout ses films aussi bizarre que ça puisse paraître). On peu retrouver une certaine ambiance particulière à NYC comme dans Birdman (toute proportion gardé hein), c’est la ville des égos malade.
Donc si on ne capte pas certains codes liés à cette ville, a sa communauté Juive. Version light pour ça, mais ça explique quelques trucs aussi dans leur rapports entre eux, notamment le fait que le père, pourtant artiste, idéalise son seul fils qui gagne beaucoup d'argent et pas les autres enfants qui eux ont voulu être artiste comme le père, et qu'il trouve inférieur du coup. Bref si on capte pas tout ces petits trucs c'est dommage, car on passe à coté de la saveur du film je pense et de sa logique. En gros si on porte un regard très Français, forcement on va passer à coté. Je pense aussi qu'il faut avoir un peu souffert éventuellement, en tout cas ne pas avoir peur de faire face à la souffrance humaine (car ils sont tous en PLS émotionnelle en vrai, à part leurs enfants qu'ils cherchent à épargner justement pour ne pas reproduire les mêmes erreurs, juste que eux n'ont pas réussi à avancer vraiment).


-c’est très psychologique et très subtil. En dehors d'une ou deux scène un peu burlesque et trop premier degrés, tout est rempli de non-dit, beaucoup de choses sont suggérés, déjà simplement parce que le problème de cette famille est la communication


-faut aimer les performances d'acteurs, ils sont tous casi parfait, ça sonne juste, ils se donnent parfaitement la réplique, c'est beau à voir


Ils sont brisés, ils ne savent pas communiquer ils ne savent pas se parler, ils n’ont jamais appris à s'aimer, ils ont croulé sous le poids de se père égocentrique, d'apparence très sympathique mais qui a étouffé tout le monde.


Il faut savoir lire entre les lignes, comprendre ce que les personnages ressentent, leur égos, leurs orgueils, leurs émotions. Le film est vraiment hyper limpide à ce niveau et la qualité de l’écriture des personnages et de leur interprétation permet vraiment de se plonger en eux et d’apprécier leur manière d'essayer de faire face à leur souffrance, de se construire et de tenter de s'améliorer malgré tout.
Certaines scènes pourraient peuvent être prise comme des pseudos scènes sentimentale, alors qu'elles sont à mourir de rire en réalité, c’est beau de les voir patauger comme ça mais d'essayer au moins.


Le film diffuse un humour sarcastique mais doux, avec beaucoup de recul sur les drames humain. Ce n’est pas un film qui parle du malheur des humains pour en pleurer, mais propose d'en rire, pour regarder le malaise en face avec légèreté et sans se faire atteindre par le doute. Il y a un sens du ridicule et du fait d'en rire qu'on trouve dans les séries comme the office en fait, ça aussi je sais pas si ça a été bien perçu, mais il y a cette gausserie du manque de sens que peut offrir l'existence, et comment les gens font face à ça.


Pour autant quelques scènes sont vraiment touchante, mais globalement le film est une comédie qui se gausse du malheur humain pour en guérir et justement ne plus souffrir. Comme le film de Wes Anderson c’est un film thérapie, où les gens se confrontent à leur souffrance et au ridicule de la vie, pour essayer d'avancer et de se construire, même s’ils sont tous boiteux et déformé par cette vie, ils vont essayer de "tuer le père" et de se construire émotionnellement. Parce que ce sont des robots sociaux et qu'on ne leur a rien appris à ce niveau, on ne les a pas aimé et ils ont des carences.


Au final c'est un joli moment de cinéma, pas parfait, une petite intrigue au milieu aurait été sympa, mais, comme dans the office, le film préfère nous assommer de dialogues pour pousser le plus possible la psychologie des perso et des situations, et il le fait très bien, donc ça me va, et comme dit j'ai trouvé ça vraiment drôle, surtout la deuxième partie du film une fois que j'ai capté que le film ne voulait pas me faire sentir mal face au malaise et à la souffrance générale des personnages, mais m'invitait à le prendre avec humour et légèreté, à dédramatiser.


Et ça me fait aussi vraiment plaisirs de voir Sanders revenir sur des bons films ces dernières années (enfin au moins deux films donc).
Entre ça et l'excellent Uncut Gem, moins drôle lui, mais absolument brillant lui aussi niveau écriture et interprétation, (et avec une intrigue qui passe bien en +) je suis ravis.

Briareos
7
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le 18 mai 2021

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