J'ai vu un pénis, c'est grave docteur ?

A en croire le Centre National du Cinéma, si vous êtes mineur, c'est la fin pour vous. Adieu rires d'enfants, voilà votre innocence souillée, votre psyché irréversiblement brisée. Jamais plus vous ne profiterez de votre jeunesse dorée, nourrie aux Anges et affectueusement cultivée par Cyril Hanouna, tant la forme phallique vous obsédera.


Heureusement, si vous avez plus de douze ans, vous pourrez reposer votre esprit meurtri devant la dernière claque visuelle de Nicolas Winding Refn : Neon Demon. Là où Lars von Trier dut amputer sans anesthésie son Nymphomaniac pour grappiller deux années dans la classification du CNC – le faisant passer du statut d’œuvre pornographique sans concession à celui d’œuvre pornographique un poil plus rentable - NWR se joue habillement de la vigilance française, toute aveuglée qu'elle est par son absurde chasse à l'attribut masculin. Mode d'emploi :


Envie d'un peu de subversion avec le viol d'une Lolita de 13 ans ? Peu d'importance, la scène n'est de toute façon que suggérée. Et puis, elle avait quand même fugué. Ça mettra un peu de plomb dans le crâne d'une jeunesse de plus en plus désobéissante.


Envie d'émoustiller votre publique avec une fellation ? Remplacez deux adultes consentants et une verge par une mineure inconsciente et une lame de couteau, vous voilà à l'abri.


Vous voulez choquer le bourgeois ? Ne faites pas au CNC l'affront de dépeindre de façon trop réaliste l'intimité d'une femme et d'un homme. Préférez le bon goût d'une scène érotique entre une cannibale et une mannequin fraîchement embaumée. Certes, elle est morte, mais ça reste une relation saphique, donc ça ne compte pas vraiment. N'est-ce pas ?


C'est là la réelle absurdité dont fait preuve le CNC dans la classification des films occupant nos salles. Si notre joyeuse mangeuse d'homme en avait été un, il est assuré que Neon Demon aurait subi le même sort de Nymphomaniac.
Mais non. Le cinéma nécrophile se savoure comme une partie de Monopoly, en famille, de 12 à 99 ans.


Tant qu'on n'y voit pas de pénis, bien entendu.

Peirega
9
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le 26 août 2016

Critique lue 254 fois

Peirega

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