La collection futilité par Nicolas Winding Refn

Après Drive, dans lequel il se réappropriait les figures chères à Walter Hill (The Driver) ou Sergio Leone (Pour une poignée de Dollars), Nicolas Winding Refn prenait une bonne partie de ses admirateurs à contre-pied avec Only God Forgives. Délaissant quelque peu le narratif pour l'expérimental, ce dernier s'envisageait comme une relecture moderne du complexe d'Œdipe, au risque de se montrer limité à son premier niveau de lecture. The Neon Demon parachève cette recherche d'abstraction. Avec tout ce que ça implique de problèmes.
En premier lieu d'achever la mue de Winding Refn en formaliste privilégiant le style au détriment du récit. Cela pourrait passer pour un parti pris audacieux, puisque le but (selon les dires du réalisateur) était de livrer une satire du monde de la mode (pervertie par la dictature de l'artificiel et la concurrence carnassière de porte-manteaux à peaux humaines). Cela se retourne hélas contre son concepteur puisque le film est un empilage de maniérismes putassiers (esthétique pubarde, couleurs flashy, et dialogues ineptes). Tout semble trop calculé, trop construit, trop propre, trop conscient de ses effets. Une nouvelle fois, le symbolisme qui devrait être disséminé au second plan est exhibé de manière ostentatoire (la loi de la jungle chez les top-models), aveu de l'échec patent à raconter quelque chose au premier.
Malgré lui (?), The Neon Demon achève de faire ton sur ton avec ce qu'il veut dénoncer. Même quand il dévoile son jeu dans la dernière partie, The Neon Demon n'échappe pas à sa propre suffisance. La fable acerbe et morbide qu'il aurait dû être se révèle être une démonstration de frime et de vide. De cette expérience (assez désagréable), je ressors désolé de voir un tel casting subordonné aux extravagances de Winding Refn. Notamment Abbey Lee Kershaw, joliment glaçante, ou Keanu Reeves dans un contre-emploi surprenant.

ConFuCkamuS
3
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le 19 avr. 2020

Critique lue 99 fois

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