Poison Girl
Bon allez, pas d’introduction bien tournée pour cette fois, pour éviter toute confusion et parce qu’on colle des procès d’intention au film pas tout à fait pertinents, je vais commencer par quelques...
Par
le 8 juin 2016
196 j'aime
45
Peu le lui contestent, à présent : Nicolas Winding Refn est un virtuose ; virtuose de l'image et de la construction filmique, à tout le moins. Son dernier opus en date, "The Neon Demon", décrit une boucle, en un arc tout sauf anodin, puisqu'il nous fait passer du fantasme publicitaire à la réalité meurtrière : les premières images nous font découvrir la magnétique Elle Fanning, reposant inerte sur un canapé, la gorge tranchée, sanguinolente... Triste annonce du sort qui l'attend ; seul diffèrera le moyen employé pour immoler celle qui, même de son vivant, aura arboré un épiderme de neige...
Après cette scène initiale qui s'avère ne nous avoir rendus témoins que d'une pose publicitaire, le scénario nous attache aux premiers pas de cette héroïne dans le monde de la mode. Monde prédateur, carnassier, vampirique, où il se révèle plus dangereux encore d'être à la hauteur de ses rêves de perfection que de se montrer radicalement hors du coup. Pour cette Jesse, sous la gentillesse et les sourires apparents, tout être, masculin ou féminin, peut se convertir en force menaçante, par le viol ou le meurtre.
Le réalisateur danois excelle à faire éprouver cette sauvagerie de jungle dans l'univers entièrement factice, retravaillé, de la mode, où la moindre surface, humaine ou mobilière, s'offre comme vernie, brillante, pailletée. Mais la grande force de N. Winding Refn est de ne pas faire de ce dévoilement de la superficialité un manifeste janséniste pourfendant le "divertissement" : par son travail de l'image, aussi léchée, laquée, lumineuse, clignotante, fascinante que le microcosme qu'elle recueille, le réalisateur ne se désolidarise pas de son objet et reconnaît faire corps avec lui, jusque dans les profondeurs les plus intimes de sa propre pupille.
Ainsi, la scène finale, scène d'anthropophagie phantasmée, témoigne d'un courage et, à proprement parler, d'une lucidité, devant lesquels on ne peut que s'incliner.
Créée
le 27 août 2017
Critique lue 224 fois
3 j'aime
D'autres avis sur The Neon Demon
Bon allez, pas d’introduction bien tournée pour cette fois, pour éviter toute confusion et parce qu’on colle des procès d’intention au film pas tout à fait pertinents, je vais commencer par quelques...
Par
le 8 juin 2016
196 j'aime
45
Le temps d'un plan, j'y ai cru, au point d'en avoir une demie molle. Le temps d'un opening theme fracassant, me renvoyant au temps béni de Blade Runner, et dont les basses me parcourent l'échine avec...
Par
le 20 juin 2016
194 j'aime
6
La plastique, c’est hypnotique. La bande annonce, le clip, la publicité : autant de formes audiovisuelles à la densité plastique extrême qu’on louera pour leur forme en méprisant le plus souvent...
le 13 juin 2016
149 j'aime
19
Du même critique
Le rêve inaugural dit tout, présentant le dormeur, Pierre (Swan Arlaud), s'éveillant dans le même espace, mi-étable, mi-chambre, que ses vaches, puis peinant à se frayer un passage entre leurs flancs...
le 17 août 2017
77 j'aime
33
Sarah Suco est folle ! C’est du moins ce que l’on pourrait croire lorsque l’on voit la jeune femme débouler dans la salle, à la fin de la projection de son premier long-métrage, les lumières encore...
le 14 nov. 2019
73 j'aime
21
Marx a du moins gagné sur un point : toutes les foules, qu’elles se considèrent ou non comme marxistes, s’entendent à regarder le travail comme une « aliénation ». Les nazis ont achevé de favoriser...
le 26 août 2019
71 j'aime
3