Ce film était certainement ma plus grosse attente de l'année. Après avoir vu la première bande-annonce il y a environ un an (je crois), je savais que j'allais voir ce film. Ayant beaucoup aimé les deux précédents longs-métrages de NWR (Drive et Only God Forgives), mes attentes pour celui-ci étaient déjà hautes à la base. Mais après avoir appris que son prochain film serait centré sur les femmes (ce qui change quand même nettement de ses prédécesseurs) et le monde de la mode, et qu'il constituerait une réflexion sur la beauté, mes attentes sont montées d'un cran. Et puis après avoir vu la BA... disons que la hype était à son paroxysme.


Je trépignais ainsi d'impatience à l'idée de pouvoir enfin le mater dans une salle obscure (d'autant plus que mon cinéma ne diffusait qu'une seule séance en VO, une semaine après sa sortie...). C'est donc limite en sautillant que je me suis assise dans une salle presque vide pour finalement voir The Neon Demon.


Mais malgré mon impatience et ma quasi-certitude d'adorer le film, j'étais quand même en proie au doute. Parce que voyez-vous, le plus gros risque quand on a des attentes aussi hautes, c'est d'être déçu-e. Alors je croisais vivement les doigts pour ne pas m'être fourvoyée sur ce film.


La réponse est non. Non je n'ai pas eu tort d'avoir de telles attentes. Pas du tout. Le film les a même surpassées. Juste ciel.


La première chose que l'on peut se dire en voyant The Neon Demon (et qui a d'ailleurs fait globalement consensus, malgré le fait que ce film ait plutôt divisé la critique) est : "C bô ptn". Car le film est réellement magnifique. A certains moments plus qu'à d'autres, mais chaque plan nous en met plein la rétine, si bien que le prochain film que vous verrez après vous semblera fade à côté. J'ai décidé de faire une critique sans spoilers donc je ne rentrerai pas trop dans les détails, mais l'une des scènes qui m'a le plus transcendée était cette scène vers le début du long-métrage, le "show" à la fête. Avec ce jeu de lumières, cette musique, cette (possible) métaphore de l'asservissement des femmes dans le milieu de la mode (asservissement que Jesse semble accepter en se rapprochant de plus en plus de cette figure insolite, jusqu'à en sortir du cadre).


Alors oui, je viens d'évoquer deux choses qui sont importantes dans ce long-métrage : la musique et les métaphores. La BO est parfaite, s'accordant avec chaque scène tout naturellement, renforçant et sublimant ce qui se passe à l'écran. Et concernant les métaphores, il y en a beaucoup dans The Neon Demon. Je vais surtout m'attarder sur celle qui aura fait couler le plus d'encre : le triangle. On retrouve à plusieurs reprises (notamment à un moment charnière du film) ce triangle, composé de quatre triangles plus petits (un triangle entouré de trois autres). Ce fameux triangle peut avoir beaucoup de significations : il peut symboliser les quatre personnages principaux (le triangle du centre pour Jesse, les trois autres gravitant autour pour Gigi, Sarah et Ruby, chacune symbolisant une forme d'envie de s'emparer de la beauté de Jesse : respectivement la convoitise, la jalousie et le désir), ce triangle peut être le "démon de néon" qui représente l'univers de la mode et la perversion qui en découle (car c'est au moment où il est le plus présent qu'une véritable transformation s'opère chez Jesse), instaurant ainsi une notion un peu... mystique. Et il y a très certainement des tas d'autres interprétations possibles.


Concernant les couleurs, on retrouve très principalement le bleu et le rouge, deux couleurs également bien présentes dans Only God Forgives, à la différence que dans OGF c'était le rouge qui prédominait alors que dans TND, c'est le bleu. Si dans OGF, le bleu et le rouge pouvaient représenter respectivement les songes et la violence, je pense pouvoir dire sans trop me tromper que dans TND, le bleu symbolise la pureté et l'innocence, tandis que le rouge symbolise la perversion (dans la fameuse scène où Jesse change totalement d'attitude, on voit une transition entre ces deux couleurs, en même temps que sa transition psychologique).


Ce que j'ai retenu du sens global de l’œuvre c'est une critique de la beauté et de l'importance qu'on lui accorde. Notamment avec le marquant "Beauty isn't everything. It's the only thing". On vit dans un monde où la beauté physique a été érigée au rang de Graal, notamment pour les femmes : si elles ne sont pas les seules à être obsédées par la beauté, ce sont les seules à qui on demande de l'être. Quitte à renier qui elles sont, quitte à modifier leur apparence, quitte à souffrir (le fameux "il faut souffrir pour être belle" auquel il est fait référence à un moment du film). Dès leur plus jeune âge, on impose aux femmes d'être belles ou du moins de vouloir l'être (on en parle du fait que les bébés filles sont généralement moins nourries que les bébés garçons ? Non ? Ah ok). La jeunesse & la beauté sont les premières qualités requises chez une femme. Et c'est exactement ce dont traite le film. De cette obsession de la beauté (notamment représentée dans le film par l'abondance de miroirs et le nombre de plans dans lesquels on voit les personnages via leur reflet et non via qui ils sont réellement) et jusqu'où on peut aller pour l'obtenir et se l'approprier.


Il y a sûrement beaucoup plus de choses à dire sur ce long-métrage mais pour l'instant, c'est encore un peu confus dans ma tête. J'ajouterai juste la très nette référence à Erzsébet Báthory, dite aussi "la comtesse sanglante", qui fait totalement sens dans un long-métrage traitant de l'obsession de la beauté (et par extension de la jeunesse car ces deux termes sont bien souvent associés).


Si je devais dire quelque chose de négatif, je dirais que j'ai noté une légère baisse de rythme à la fin mais rien de bien dérangeant en soi.


Je retourne le voir très prochainement (en VF cette fois-ci, pas le choix...), ça m'aidera sûrement un peu à remettre de l'ordre dans tout ça. D'ici là, je conseille énormément The Neon Demon si vous êtes un minimum sensible à son thème et à son esthétique, et si en revanche vous n'êtes pas trop gêné-es devant les scènes un peu... malaisantes. Parce qu'il y en a une qui l'est particulièrement. Pour l'instant, c'est bien mon film préféré de 2016 et qui sait, peut-être mon film préféré tout-court. Un véritable coup de cœur me concernant.

Sacrimony
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Films et Les meilleurs films de 2016

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le 17 juin 2016

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Sacrimony

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