Une immersion cauchemardesque dans l’univers du mannequinat.

Nicolas Winding Refn continue d’explorer le côté animal et morbide de l’être humain à travers l’univers de la mode. Il délaisse ses héros masculins torturés pour proposer un film où tous les personnages principaux sont interprétés par des femmes. Dès le générique, il nous fait ressentir que ce que l’on voit peut revêtir une signification différente, selon l’intensité de la lumière ou comment s’est éclairé. Le diable se cache dans les détails et parfois, même dans la lumière, d’où le titre : The Neon Demon.


J’apprécie qu’il sorte du registre du biopic sur une égérie de la mode que l’on a vu pulluler sur les grands écrans ces dernières années : Coco Chanel, Yves Saint Laurent et j’en passe. Il y fait, d’ailleurs, un petit pied de nez en apposant ses initiales de la même manière qu’un grand couturier français à la fin du générique. Il veut proposer une expérience quasi-sensorielle de ce que va vivre Jesse (Elle Fanning) lors de son arrivée à Los Angeles. Cela va s’exprimer de manière sonore par la bande originale quasi organique de Cliff Martinez qui transcende les images et les scènes du long métrage. Il devient pour moi indissociable du réalisateur danois : je trouve qu’ils sont vraiment complémentaires dans leur registre respectif. Au niveau visuel, nous avons une esthétisation de l’image à l’extrême pour jouer avec les apparences de ce monde superficiel et éphémère : celui de la beauté. Étrangement, cette mise en scène n’a rien de glamour mais indique bien à quel point le vide et la mort rôdent dans ce milieu. On retrouve beaucoup de figures géométriques dans ce film qui dénotent, en apparence, avec ce que l’on voit à l’écran, comme l’a déjà fait un certain Jodoroswki.


Côté acteur, Elle Fanning est un choix osé parce qu’elle a une beauté presque ordinaire en comparaison avec les femmes gravitant autour d’elle. Jena Malone va être la seule à la soutenir pour des raisons bien particulières. Les personnages féminins représentent bien tous les travers de ce corps de métier. Nicolas Winding Refn s’évertue à mettre en lumière tout au long de son film à quel point le faux l’emporte sur le vrai, l’authentique… et pas uniquement sur ce qu’est réellement la beauté. Cette immersion cauchemardesque dans le mannequinat se révèle plus psychologique et sensorielle que ne laissait présager le scénario, pour dépasser l’apparence des images qui défilent devant nos yeux pendant 2 heures.


Beaucoup de personnes n’aiment pas ce réalisateur parce que il essaie de rendre beau ce qui ne l’est pas. Ainsi, il oblige le spectateur à voir autrement des choses qui le rebutent afin de créer une réelle réaction et réflexion chez lui. Et contrairement à Gaspar Noé, je ne trouve pas qu'il verse dans la violence gratuite uniquement pour choquer.The Neon Demon est une expérience qui ne laisse pas indifférent… sauf pour les blasés, bien évidemment.


Maintenant, j’attends sa prochaine péloche avec impatience…

Hawk
8
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le 2 juil. 2016

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Hawk

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